Trois attaques successives dans le village de Boulounga, ont provoqué un déplacement massif de population à Kongoussi. Ces déplacés ne savent pas à quel saint se vouer.
En moins de 48 heures, près de six mille personnes ont quitté les villages de Boulounga, Alga et son site d’orpaillage, Sibargo pour fuir les attaques terroristes. Harcelés par les groupes armés, ces populations ont sauvé leur vie en retrouvant le chef-lieu de la province du Bam. Comme il faut s’y attendre, les conditions sont précaires.
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« Nous faisons face à diverses difficultés. Nous constituons une famille de 08 ménages avec plus de 50 personnes. Nous avons été accueillis par notre fils mais la cour et les maisons sont exiguës obligeant le plus grand nombre à dormir dehors », confesse un sexagénaire venu de Boulounga et installé au secteur 2. A cela s’ajoute les problèmes de vivres, d’habillement. Ils n’ont également pas de matériel de couchage.
Fatoumata, comme nous décidons de l’appeler est encore sous le choc après les horreurs subies. La jeune mère a trouvé refuge au secteur 1 avec ses enfants et plusieurs membres de sa famille. Elle dit avoir tout laissé derrière elle. Nous la trouvons au milieu des pleurs d’enfants. Dans sa fuite, elle n’a rien pu emporter avec elle.
« Nous étions dans une école avant de venir ici. Nous sommes près de 40 sans compter les enfants. Nous manquons de tout parce que même à manger, je n’ai pas pu emporter ne parlons pas des vêtements », affirme indignée, Fatoumata.
Un voyage difficile
Le parcours fut périlleux pour ces nouveaux déplacés. « Nos maris nous ont devancé à Kongoussi, puisque les hommes sont les cibles privilégiées. Alors nous avons chargé les charrettes et on a pris la route. Sur le chemin, on a eu des crevaisons et d’autres pannes. On s’est débrouillé avec des enfants aux dos pour arriver à Kongoussi », souligne Fatoumata.
Tout a commencé cet après-midi du 11 juin au moment où le soleil commence à éteindre son feu ardent. Des jeunes du village de Boulounga saisissent l’opportunité pour jouer au football sur un terrain de fortune à la sortie Est du village. Ces jeunes ignoraient que derrière eux, des terroristes ont fait irruption dans le village avec quatre pick-up, des motos et des tricycles.
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Ces trois jours d’horreur ont contraint les habitants à quitter la zone abandonnant presque tous leurs biens. « Nous avons chargé notre tricycle et au moment de démarrer ils sont arrivés. On était obligé de laisser le chargement fuir. Toute ma famille est arrivée à Kongoussi les mains vides », relate mélancolique un sexagénaire.
Le bilan provisoire de cette triple attaques est de 12 morts, de nombreux dégâts matériels, des biens matériels et du bétail emportés ainsi que d’une trentaine de personnes enlevées même si certains ont été relâchés. Ces personnes déplacées ont besoin de prise en charge car la plupart ne possèdent plus rien et restent désorientées. Pour le moment, l’action sociale procède au recensement. Il n’existe pas encore de sites publics ou officiels pour les accueillir. Chacun se débrouille avec ses parents ou ses connaissances. Parmi eux, certains sont débordés. La saison des pluies qui s’annonce risque d’aggraver le cas de ces personnes déplacées.
Zondwend Konseimbo (Correspondant)