Mouniratou Compaoré a suivi sa passion : le football. Sociétaire de l’Union sportive des forces armées (USFA), la jeune attaquante est un cauchemar pour les défenses adverses. Cette saison, elle a remporté le titre de meilleur buteur avec 28 buts.
Une arme redoutable pour l’Union sportive des forces armées. Mouniratou Compaoré, 24 ans, est attaquante au sein de cette équipe. Elle vient de disputer un match de demi-finale de la Coupe du Faso. Mouniratou Compaoré, gardant toujours son sourire sympathique ne semble aucunement épuisée. Son équipe, l’USFA s’est à nouveau imposée.
L’attaquante n’a pas marqué cette fois, mais, elle a joué un rôle important pendant ce match. Elle a servi de point de fixation pour permettre à ses coéquipières de s’exprimer sur le terrain. Résultat: une finale de Coupe du Faso en poche.
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En plus d’être athlétique, sa vitesse et son sens du but font de la jeune fille une attaquante crainte. En 18 matchs, la jeune fille a inscrit 28 buts faisant d’elle, la meilleure buteuse du championnat. « C’est surtout avec l’aide de mes coéquipières que j’y suis arrivée. Quand je suis sur le terrain, elles me cherchent constamment et cela a payé », explique-t-elle avec l’humilité qui la caractérise.
Grâce à ses 28 buts inscrits, l’USFA a conservé son titre de championne nationale du Burkina Faso. Lors de la finale de la Coupe du Faso, elle inscrit le sixième but de son équipe victorieuse (6-2) face à l’Association sportive des oisillons de Ouagadougou (ASO).
Mouniratou, une battante
Le football est, de toute évidence, la passion première de Mouniratou Compaoré. Comme beaucoup d’autres filles de son âge, c’est avec les garçons qu’elle apprend à jouer au football. Dans la mentalité populaire au Burkina Faso, ce sport est une discipline réservée aux hommes. Comme ses camarades également, elle a dû surmonter les préjugés et l’opposition de ses parents.
« A cause de l’école, à un certain moment donné, mes parents s’étaient opposés. Mais lors de ma toute première sélection en équipe nationale, j’ai payé une moto grâce à mes primes. Depuis lors, la porte était grandement ouverte pour moi », raconte Mouniratou tout en éclatant de rire.
Ses premiers pas commencent à un tournoi organisé par une téléphonie mobile. Son talent tape dans l’œil de l’équipe des Gazelles, l’une des premières équipes du Burkina Faso en 2012 avant de rejoindre plus tard, l’équipe féminine de l’USFA.
Mais, les premières expériences à l’USFA ont été difficiles se souvient Zakaria Zeba, ancien footballeur burkinabè et entraîneur de l’USFA. « Quand on a pris l’équipe, elle n’était pas titulaire. Elle a eu un moral d’acier. Elle a été critiquée. Elle a accepté les critiques. Elle a beaucoup travaillé et aujourd’hui ça paye. L’année dernière, elle n’était pas titulaire mais cette année, elle a joué tous les matchs », admire Zeba.
Ce travail, c’est l’ensemble de l’équipe qui en profite avec les résultats obtenus : l’USFA est championne et vainqueur de la Coupe du Faso. Carton plein. Car, quand Mouniratou est en forme, c’est toute l’équipe qui marche bien. « N’importe quelle équipe qu’on croise, on sent qu’elle a envie de marquer. Même lorsqu’elle n’arrive pas à marquer, elle fait marquer ses coéquipières. Elle a la finition et la vitesse. Elle se bat devant les buts », apprécie admirative Maïmouna Tao sa coéquipière. Zakaria Zeba confirme : « la première qualité, de Mounira, c’est son adresse et son sang-froid devant les buts. Ce qui fait d’elle la buteuse dont on parle aujourd’hui ».
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Et comme il est reconnu que seul le travail paye, les sacrifices de Mouniratou Compaoré sont récompensés. Elle est retenue en équipe nationale depuis 2016. En prime, elle dispute les phases finales de la Coupe d’Afrique des nations au Maroc. Le Burkina Faso participe pour la première fois à cette compétition qui est à sa 14e édition. Un atout que garde avec jalousie, les dirigeants de l’USFA. « Dans toute équipe, quand on a un buteur, c’est la pièce la plus importante. Elle est vraiment importante comme pièce de l’équipe », explique Zakaria Zeba.
Messi, son modèle
Mouniratou ne se contente pas du football. La jeune fille étudie les mathématiques, physique chimie et informatique (MPCI) à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou. Le programme à l’université n’est pas adapté avec celui de l’entraînement. « C’est compliqué mais on fait avec», soupire la jeune fille pour montrer qu’elle aurait aimé que les choses se passent autrement. Alors pour réussir afin de rassurer ses parents, elle s’adapte : « En plus des cours à l’Université il y a des cours en ligne et j’arrive à me rattraper ».
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Au niveau international, le football féminin manque de visibilité parce que pas assez médiatisé. Les visages que reconnaissent les joueuses sont des hommes. Et Mouniratou Compaoré veut ressembler à des joueurs comme Lionel Messi, M’Bappé et Neymar, tous sociétaires du Paris Saint Germain. Si son profil est bien différent de ces joueurs, la jeune attaquante doit s’améliorer en s’inspirant de ces joueurs. « Elle doit encore travailler sa vitesse et son explosivité. Si elle travaille ces aspects, elle sera parfaite », promet Zakaria Zeba. Elle pourrait par ce travail, réaliser un jour son rêve d’intégrer l’équipe féminine de l’Olympique lyonnais, considérée comme la meilleure en ce moment.
L’on n’est pas encore là. Il ne faut pas brûler les étapes comme elle le reconnait. En attendant, l’objectif immédiat de Mouniratou est d’obtenir une qualification à la Coupe du Monde féminine. Pour cela, l’équipe nationale doit réaliser un bon résultat au Maroc pour atteindre cet objectif.
Boukari OUEDRAOGO