Étudiant en année de licence en Sciences économiques et de gestion, Mohamed Sawadogo vend également du donkounou (pâte à base de farine de maïs fermenté). Malgré les préjugés et les critiques, il mène cette activité qui lui permet par ailleurs de financer ses études. Accompagné et soutenu par sa copine également étudiante, le jeune homme compte se faire un nom dans ce domaine majoritairement dominé par les femmes.
C’est une évidence. Sous nos cieux, certains métiers sont catégorisés comme étant exclusivement dédiés aux femmes ou aux hommes. Mohamed est vendeur de Dounkounou. Il ne s’en cache pas. Bien au contraire, il le clame à qui veut l’entendre.
O8h, le soleil s’est levé, la ville s’anime. Mohamed est déjà sur pied. Pas une minute à perdre, il faut faire cuire le dounkounou. L’étudiant inscrit en troisième année de science économique est déjà en retard. Alors, il s’attèle.
Dans un magasin de fortune, assis devant une grosse marmite, il effectue des rotations avec la spatule qu’il tient. De gauche à droite ou de droite à gauche le sens importe peu, l’essentiel est de bien mélanger, nous explique-t-il.
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A l’intérieur de cette marmite, du maïs fermenté, de la farine de manioc, le tout noyé dans une quantité importante d’eau. C’est ce qu’il faut pour donner ce met d’origine togolaise, ajoute le jeune homme en pleine activité.
Un an maintenant qu’au-delà d’un simple passe-temps, Mohamed a fait de la préparation et de la vente de donkounou un véritable moyen de subsistance. « A la base la cuisine est une passion, et les difficultés auxquelles j’étais confronté à l’université m’ont obligé à me chercher », reconnaît-il.
Justement, ‘’en se cherchant’’, c’est dans la vente de donkounou qu’il semble avoir trouvé du répit. En tout cas, même si ce n’est pas la grande fortune, le jeune étudiant ne s’en plaint pas. Son commerce lui permet de subvenir à ses besoins et à ceux de sa conjointe. « C’est avec ça je me prends en charge moi-même et ma petite amie, en tout cas je peux dire que ça va », poursuit-il.
Sa petite amie, son soutien.
Deux cents (200), c’est approximativement le nombre de boule de donkounou que le jeune homme vend par jour. Bien qu’ayant commencé seul, aujourd’hui il peut compter sur l’accompagnement de sa copine, Aminata Souré également étudiante, inscrite en 2e année d’études anglophones. Ce qui lui permet d’aller parfois au-delà de son ratio habituel de vente.
Ce matin-là, comme d’habitude, elle est à ses côtés. Le sourire permanemment affiché, elle tient la marmite par moment pour que Mohamed remue le contenu. « Mon rôle c’est de l’accompagner dans ce qu’il fait. Souvent il y a des choses que moi je vois et que lui il ne voit pas ça forcement », note Aminata Souré comme pour traduire la complémentarité dans le couple.
Premier soutien de Mohamed, Aminata a les yeux qui brillent quand elle évoque les qualités de son petit ami. « C’est quelqu’un même qui se bat, il n’est pas paresseux. Quand c’est comme ça, tu sais qu’un jour ça va aller, c’est ça même qui m’encourage à rester avec lui », déclare-t-elle, avec conviction.
La chasse à la clientèle
«Dounkounou chaud, dounkounou chaud…» c’est par cette alerte que Mohamed fait son entrée chaque jour au marché de katr yarr. A force de l’entendre, les commerçants ont fini par s’y habituer. « On le connait chaque jour il vient vendre doukounou là » relate une commerçante, sourire aux lèvres.
C’est une reprise plutôt timide pour Mohamed qui n’avait plus sillonné le marché depuis sept jours pour cause de maladie. Mais il est confiant. Après environ deux heures de marche, le jeune homme aura réussi à écouler quatre-vingt-seize (96) boules sur cent (100).
Un bilan totalement satisfaisant pour lui et qui se traduit par un large sourire sur son visage. Une journée fructueuse qui renforce ses ambitions. Celles de devenir une référence nationale dans la vente de dounkounou.
Ismael Lagoun Drabo (Stagiaire)