Dans une lettre, l’ancien Président Blaise Compaoré a demandé pardon « peuple burkinabè » et à la famille de Thomas Sankara. Un pardon salué par certain mais critiqué par d’autre qui regrettent surtout le procédé de cette demande de pardon. Le débat qui fait rage dans l’opinion s’est invité dans l’émission hebdomadaire de Studio Yafa. Un débat houleux avec des avis tranchés des invités.
Le décor est à peine campé par l’animateur Moumouni Sawadogo. Mais sur le plateau du débat, l’adrénaline monte déjà chez les invités. Mamounata Kargougou, de la ville de Kaya, est la première à se lancer. Pour elle, cette lettre de l’ancien président est une manière de fuir la justice.
« C’est bien de demander pardon, mais cette lettre est incomplète, elle manque beaucoup d’éléments », déclare-t-elle, avant d’ajouter que l’ancien aurait bien fait de reconnaître d’abord ses erreurs. « Pourquoi n’a-t-il pas répondu à la justice pour l’affaire Thomas Sankara ? », s’interroge l’invitée.
Mady Ouédraogo du balai citoyen abonde dans le même sens. Cette lettre n’est pas vraiment une surprise, à son avis, et elle est la suite logique de la venue de l’ancien Président Blaise Compaoré le 8 juillet dernier, dans le cadre de la réconciliation nationale prônée par les nouvelles autorités.
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D’ailleurs, poursuit l’invité, le mini-sommet du 8 juillet qu’il qualifie de « mise en scène » n’avait pas sa raison d’être. Et la lettre de demande de pardon venue plus tard n’est vraiment sincère, sans quoi elle aurait pu être rendue publique lors de ce sommet.
Blaise Compaoré a fait quoi pour demander pardon au peuple burkinabè, insiste le membre de l’organisation de la société civile.
Demander pardon au peuple burkinabè prouve que nous sommes sur le chemin de la réconciliation, défend pour sa part Yaya Zoungrana, membre du CDP, ancien parti au pouvoir. Selon l’invité, la lettre de demande de pardon permet d’apaiser les cœurs, afin de mieux réfléchir en vue de trouver des solutions à la crise sécuritaire qui sévit dans le pays.
Le pardon comme solution au terrorisme ?
Le pardon est- il le seul moyen de venir à bout de la plus grave crise qui secoue le pays, lance l’animateur du débat à ses invités. Mady Ouédraogo du balai citoyen est formel : « Cette lettre demandant pardon ne change rien à la situation, que ça soit pour l’assassinat de Thomas Sankara ou pour toute peine causée sous son règne ».
« Ce n’est pas à Kosyam qu’on demande pardon, d’ailleurs le pardon ne se demande pas par une lettre » poursuit-il. Il préconise plutôt que le pardon se fasse entre Blaise Compaoré et la famille de Thomas Sankara dont il était proche. Le débat s’anime.
Les esprits se surchauffent. L’animateur Moumouni Sawadogo tente de ramener le calme autour de la table. L’astuce est vite trouvée. Il fait diffuser un micro trottoir réalisé à Koudougou sur la question. Une manière d’agrémenter les échanges. De retour, Mamounata Kargougou reste sur sa position et rejoint Mady Ouédraogo.
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« Si tout le monde allait commettre des crimes et venir après demander pardon, on ne peut pas parler de réconciliation », regrette-t-elle. Yaya Zoungrana également reste camper sur sa position.
De l’avis de l’homme politique, la demande de pardon est un acte noble. En plus, fait-il savoir, Blaise Compaoré assume d’une manière ou d’une autre sa part de responsabilité. « Les avis diffèrent, laisser les familles des victimes répondre à l’ancien président Blaise Compaoré », lance-t-il à ses vis-à-vis.
L’intégralité du débat sera diffusée ce 30 juillet 2022 à 10h sur radio Légende (94.4) et Salankoloto (97.3) à Ouagadougou et sur les radios partenaires à travers le Burkina.
Salamatou Dicko (stagiaire)