A Ouagadougou, le benga et le souma (haricot et pois de terre en langue nationale mooré) sont des plats incontournables pour certains. Pour quelques francs, ils assurent leur ration de la journée. Généralement appelés béton armé pour leur consistance, ces mets sont souvent qualifiés de nourriture de pauvres. Des femmes en ont fait leur spécialité culinaire, surtout dans les quartiers populaires.
Pissy, ouest de la capitale Ouagadougou. C’est dans ce quartier qu’est établie Katie. Depuis plus de 30 ans, entre 11h et 23h, elle propose deux plats au quotidien à sa clientèle : le benga (haricot) et le souma (pois de terre). Dans ce quartier, Katie est une référence pour sa clientèle qui se compte parmi les ouvriers, acteurs du secteur informel, étudiants, des jeunes fonctionnaires…
Sous son hangar, deux gros plats de haricot et de pois de terre, nouvellement sortis des marmites. Ils sont couverts de sachets blancs qui laissent voir la buée. A côté, des petits plats contenant de l’huile, du sel et des petites assiettes colorées, des cuillères.
Du lundi au samedi, Katie, la cinquantaine a sa routine. Préparer à la maison, puis à l’aide de charrette, transporter son matériel jusqu’à son lieu de vente. Positionné au bord du goudron, son espace a été associé à son prénom par ses clients(es) « Chez Katie ».
A portée de bourse
« Je veux souma 200 FCFA, poisson 300 FCFA et huile 200 FCFA. N’oublie pas le piment », lance Aziz Ouattara, client fidèle depuis plus de 8 ans. Avec 150 ou 200 F CFA, le client peut avoir un plat de benga ou de souma. Leur prix abordable en fait des choix populaires pour de nombreux consommateurs (trices). « Je peux manger le souma tous les jours si possible, c’est moins cher et très suffisant. Les gens disent souvent que c’est un plat de pauvre mais ce n’est pas vrai, c’est moins cher c’est vrai, mais très nutritif et économique » défend Samira, coiffeuse, venue prendre sa ration quotidienne chez Katie. Selon elle, son chiffre d’affaires varie entre 30 000 et 100 000 F CFA par jour.
C’est donc un domaine qui rapporte et ce n’est pas Bernadette Tiendrébéogo qui dira le contraire. Avec une recette de 90 000 par jour, la vendeuse de souma accompagné de pigri (sorte de couscous de petit mil en boulette) se frotte les mains à Kalgodin, un autre quartier de la capitale. Depuis plus de 3 ans, la dame, 48 ans et mère de 8 enfants fait sa vente de 14h à 00h ou 01h du matin. Du lundi au dimanche.
Du béton pour bien commencer la journée
Tandis que certaines vendent le haricot ou le souma dans la soirée, d’autres femmes le font dans la matinée. Préférant un repas consistant à la place du petit déjeuner, des clients(es) font le choix du haricot plutôt que du pain et du thé.
C’est le cas de Hawa Traoré, vendeuse de haricot depuis 3 ans. Positionnée devant son domicile à Balkuy, elle ne vend que dans la matinée, de 7h30 à 13h. « Mon travail demande de la force physique, je ne peux pas manger du pain seulement et tenir jusqu’au déjeuner, alors je vais chez Bernadette pour me nourrir convenablement afin d’être prêt à affronter mes journées de menuisiers », témoigne Alex déjà positionné devant son plat de pois de terre.
Les vendeuses de benga et de souma n’échappent pas à l’inflation. Selon elles, tout a considérablement augmenté dans leur domaine d’activité. « Avant je prenais beaucoup de sacs mais les prix ont augmenté, tout est devenu cher de nos jours », regrette Aminata. Malgré tout, ces femmes grâce à leurs activités, tiennent des familles, scolarisent des élèvent et contribuent à dynamiser le secteur économique.
Studio Yafa avec Mousso News