La plantation de cacao de Issa Larba Sorgho continue de produire à Bagré dans la région du Centre-Est. Les cabosses des différentes variétés expérimentées présentent une belle allure. Traité de fou au départ, le producteur dit être ragaillardi par les propos du Président du Faso qui a déclaré en février dernier que le Burkina pouvait bien être un grand producteur de cacao dans les années à venir. Retour dans la plantation du ‘’fou’’, deux ans après notre dernier passage.
Saison différente, même constat. En 2022, nous avions visité la plantation Issa Larba Sorgho en pleine saison pluvieuse. La végétation était alors luxuriante. Les feuilles de bananiers, d’avocatiers, de colatiers, de palmiers luisent dans un microclimat où ils semblent bien s’épanouir.
Cette fois, nous sommes en plein mois d’avril 2024. Les rayons de soleil sont agressifs. La température frôlent les 45 degrés, pourtant sur les 0,5 hectare de Issa, les plantent ont l’air de ne pas en souffrir. Et c’est avec le même enthousiasme que cet homme fait découvrir les dernières évolutions de sa plantation. « Je suis vraiment étonné que pendant cette saison sèche, le cacao donne toujours autant ». Ses voisins comme le pisciculteur Souleymane Yougbaré sont toujours aussi admiratifs de sa ténacité à toute épreuve.
Une expertise sollicitée
Après les reportages (radio, web et vidéos) de Studio Yafa, Issa Larba Sorgho avoue avoir fait l’objet de curiosité aussi bien au Burkina, dans la région qu’en Europe. « Les gens continuent de venir. Les appels téléphoniques, je ne cesse d’en recevoir », dit-il, avec joie. Mieux, il a eu des contacts d’agrobusiness men au Burkina qui souhaitent expérimenter le cacao sur leurs terres.
« Il y a un Burkinabè qui est en Italie depuis 40 ans. Quand il a vu la vidéo, il m’a contacté, on a discuté et il est venu. Il m’a amené à Sindou où il a 30 hectares pour que je forme ses employés dans la production du Cacao. Ils ont commencé même, mais c’est petit à petit », poursuit-il avant d’ajouter qu’il est en pourparlers avec une autre personne intéressée par son expérience à Pô, sur 5 hectares.
Le booster présidentiel
Cultivé essentiellement dans les pays côtiers comme la Côte d’Ivoire, le cacao au Burkina était considéré comme presqu’impossible. Avec son climat sahélien, il faut être un ‘’fou’’ comme Issa Larba Sorgho pour penser qu’il est bien possible de le faire. Il s’y est lancé en créant un microclimat tout autour de sa parcelle, aidé aussi par la proximité avec le barrage. Avec le temps, le il a commencé à être pris au sérieux au regard des résultats encourageants.
Le 17 février 2024 au cours d’un meeting, le président du Faso, le Capitaine Ibrahim Traoré déclare que le Burkina mettra tout en œuvre pour que les paysans puissent cultiver dignement afin d’éviter au pays d’être dépendant de ses voisins pour sa consommation. Nous étions alors dans le contexte où la Côte d’Ivoire avait suspendu l’exportation de ses produits vivriers. Et le président de la Transition de poursuivre en mettant au défi « quiconque doute de cela que si nous décidons aujourd’hui au Burkina Faso, d’être dans 3, 4 ans, ou 5 ans, premier exportateur de cacao, nous le serons ».
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L’écho de cette déclaration a été entendu dans la plantation de Larba Issa Sorgho qui s’en est alors réjoui. Ragaillardi, il estime que le président lui donne raison sur ceux qui l’avaient traité de ‘’fou’’. « Ceux qui doutent, cela n’engage qu’eux. Ce que le président a dit est vrai. Quelle n’a pas été ma joie quand j’ai essayé et que ça donné. Il faut juste travailler, accepter les échecs et les pertes avant de réussir plus tard. C’est en essayant qu’on peut avoir la solution à certains problèmes et non en restant sans rien faire », clame-t-il avec force au milieu de ses plants de cacaoyers.
Mais pour y arriver l’ancien planteur en Côte d’Ivoire suggère de choisir les endroits propices et surtout se rassurer de la disponibilité de l’eau.
En attendant, le propriétaire de la seule plantation de cacao à Bagré regrette de ne pas être à mesure de satisfaire la demande. « Ceux qui vont acheter le cacao en Côte d’ivoire pour faire le chocolat et autre, continuent de m’appeler pour savoir si je peux leur livrer », explique-t-il. Son souhait est donc de bénéficier d’une plus grande superficie et d’un accompagnement pour passer à une plus grande échelle. Quitter l’expérimentation, la production de contemplation pour donner à voir des hectares de cacao sur le sol burkinabè.
Tiga Cheick Sawadogo