Au Sahel, des citoyens ne sont pas satisfaits du discours du Chef de l’Etat. Certains qualifient son allocution de « creuse ». Dans la capitale de la région du Sahel, une des régions les plus éprouvées par le terrorisme, il y a quelques jours, des milliers de citoyens étaient sortis dans la rue pour dénoncer l’insuffisance de résultats de la part des nouvelles autorités.
Julie Kando est catégorique. Elle attendait mieux du discours bilan du Chef de l’Etat qu’elle qualifie de « plat ». Mieux, la journaliste du Sahel met un bémol sur certains aspects de l’adresse du Président du Faso. « Au Sahel, rien ne va. L’exemple des populations qui repartent chez elles n’est pas avéré. A Seytenga, environ 40km de Dori, les populations souffrent. Chaque jour, il y a des personnes qui viennent à Dori. On parle de retour pendant que tous les fonctionnaires sont ici, à Dori, où sont rentrés chez eux ; les agents de la mairie également ».
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Ce sentiment, plusieurs citoyens le partagent à Dori. Pour la plupart d’entre eux, c’est un discours creux. Ils s’attendaient par exemple à des chiffres, ou des éléments précis d’appréciation. « Personnellement, j’ai été surpris. On s’attendait à un bilan chiffré, chiffré en termes de localités récupérées par les forces armées, chiffré en termes de personnes déplacées internes qui ont pu retourner chez elles, chiffrée également au nombre de personnes ayant déposé les armes, etc. », explique-t-il.
Président du comité communal de contrôle citoyen de la commune de Dori, Maiga Ousseni s’attendait lui également à ce que le Président Damiba soit plus explicite en faisant mention des centres de santé, écoles et autres structures administratives qui ont rouvert. Il dit alors être resté sur sa faim au terme de cette allocution longtemps annoncée.
Plusieurs localités coupées du reste du pays
Le visage grave, Samira Dicko soutient avec force que le discours à bien des égards, n’est pas conforme à la réalité vécue sur le terrain par les populations. « Comment comprendre qu’à Dori, chef-lieu de la région, nous avons pu vivre sans électricité, sans eau potable, sans carburant pendant 6 jours environ parce que des terroristes ont fait et continuent de faire leur loi sur le tronçon Pissila-Tougouri, à peine 30 km », enrage-t-elle.
A côté d’elle, des personnes qui acquiescent. Déçus du contenu du discours, les plus sceptiques avouent ne pas attendre une embellie de la situation les jours à venir. Le 27 août dernier, des milliers de manifestants sont sortis marcher pour dénoncer l’insuffisance dans les actions des nouvelles autorités face à la situation sécuritaire qu’ils jugent préoccupantes.
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Déjà en colère, Abdoulaye Hoeffi Dicko, président du mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP) section Seno confie que le discours du 4 septembre l’a encore irrité. « Au sahel, l’insécurité va de mal en pis. Aujourd’hui, nous avons de sérieux problèmes de déplacements : Sebba est coupé du sahel, Markoye, Gorgadji, Arbinda, Djibo également coupés, depuis personne n’en parle. Même Dori a été coupé jusqu’à deux fois et pendant que le prix des denrées flambe sans qu’on ne puisse faire quelque chose. Le président a dépeint un bilan dans lequel nous ne nous retrouvons pas », s’offusque le président de la section locale du MBDHP.
Cheick Yannick SOME (correspondant)