Le riz de Bagré, un label, bien prisé pour sa qualité et ses valeurs nutritives. Sa production est une longue chaîne dans laquelle les femmes interviennent depuis la production. Dans les basfonds, ce sont elles qui repiquent les tiges de riz. Un travail qu’elles exécutent sous contrat. La volonté de la plus part d’entre elles, c’est de disposer de leur propre périmètre pour être productrices dans ces périmètres situés dans la région du Centre-Est du Burkina.
Pieds nus, elles pataugent dans la boue. L’agressivité du soleil ne semble pas freiner l’ardeur des deux jeunes dames. Dans une main, elles tiennent des plants, de l’autre elles repiquent. Depuis quelques jours, Mariatou Bébané et Sali Baniwali s’attaquent à ce périmètre d’un hectare.
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« Nous sommes en train de repiquer du riz sur un hectare. Le champ appartient à un particulier. Nous avons donc un contrat de repiquage avec lui. Sur un hectare, Il nous faut une semaine pour terminer. Nous avons d’autres contrats ailleurs aussi. Nous avons plusieurs champs. Juste devant, nous avons des contrats là-bas», explique Sali Baniwali.
Cette jeune dame de 25 ans, mère de deux enfants fait ce travail depuis toute jeune. La pénibilité de l’activité, elle la vit chaque jour. « Le travail est difficile. Rester courber toute la journée n’est pas chose aisée. Je trouve que cultiver est plus simple même », reconnaît-elle.
Une journée sans fin
De 8h à 17h, les deux dames repiquent. A la fin du contrat, elles empocheront 40 000 F CFA. Bébané Mariatou qui est dans cette activité depuis 10 ans, estime que cette somme n’est pas à la hauteur de la sueur coulée sur le périmètre. Mais il faut s’y faire, c’est le prix fixé par les riziculteurs. « Quand je prends mon argent, j’aide mon époux dans les dépenses de la famille et j’assure mes besoins », nous informe celle qui vient de se marier. Après le périmètre, les deux dames ne rentreront pas chez elles. Avant, elles passeront dans leurs propres champs où elles cultivent l’arachide. Là, elles vont cultiver à leur propre compte.
« Après il faudra revenir ici disposer les plans de riz pour préparer la journée de demain », ajoute Mariatou. A condition de ne pas être paresseuse, il y a toujours du travail dans les basfonds rizicoles, admet Mariatou pour qui, « il y a beaucoup à faire », précise-t-elle.
Des mauvais payeurs
Bien que les femmes trouvent la somme de 40 000 dérisoire comparativement à la charge de travail, il se trouve que certains propriétaires de basfond tentent de faire baisser ce prix. Responsable d’un basfond, Oubda a toujours recours aux femmes pour repiquer son périmètre. Il dit être toujours satisfait de leurs prestations.
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« J’ai eu trois femmes qui m’ont aidé à repiquer mon riz. Chaque année, c’est ainsi. Moi je n’ai jamais eu de problème avec les femmes. Les soucis peuvent arriver si par exemple tu donnes ton champ à repiquer et que les femmes te proposent 10 000 francs CFA et que toi, propriétaire tu discutes au rabais à 5 000 francs CFA, les femmes vont te faire un travail de 5 000 Francs. Mais si tu veux qu’on repique bien, tu payes normalement, elles respectent les contrats et il n’y a pas de problèmes », explique Oubda Pengwendé.
Le vœu de Mariatou Bébané et Sali Baniwali est de disposer plus tard de leur propre périmètre rizicole dans ce vaste projet qu’est Bagrépôle.
Tiga Cheick Sawadogo