87mm ! C’est la quantité d’eau de pluie tombée le 09 septembre dernier à Kongoussi, localité à 115 km de Ouagadougou. En plus des inondations, plusieurs maisons se sont effondrées alors que la saison des pluies n’est pas encore à sa fin.
Kongoussi. Vendredi 9 septembre. Au moment où les musulmans se préparent pour la grande prière de 13 heures, les nuages également s’amoncèlent dans le ciel. Comme d’habitude, certains font la vitesse à moto avec leurs tricycles pour trouver un abri. Mais, en cette période pluvieuse, les habitants de Kongoussi sont désormais habitués. Il pleut presque chaque jour.
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Mais cette pluie s’est montrée exceptionnelle. Peu après 12 heures, le ciel ouvre ses vannes. C’est parti pour 3 heures de pluies. Cette pluie, considérée comme bienfaitrice au départ, a inondé une grande partie de la ville. Part endroit, le lit du lac a débordé. Plusieurs habitations aux alentours du lac se retrouvées rapidement dans l’eau. Certains ont dû patauger dans l’eau avant d’arriver chez eux.
Le lendemain, au secteur 3 situé en aval d’une pente à proximité du Lac Bam, le plus grand du Burkina Faso, plusieurs familles sont sinistrées. Dans la famille Gansonré, le mur et trois maisons construites en banco n’ont pas résistées. Les toilettes et le puits sont envahis par les eaux de pluie au point de faire craindre des maladies de sources hydriques.
« Ma maison n’est pas tombée mais…»
Dans la cour, un groupe de garçons dégagent les débris des maisons tombées. Ils espèrent sauver certains objets toujours sous les décombres. Des dames font la lessive. « La pluie était trop forte et cela a causé des dégâts. Trois maisons sont tombées dans notre cour. Il y a une seule qui est toujours débout. Nous sommes obligés de dormir dehors avec tous les risques sanitaires et sécuritaires que cela comporte », regrette Azèta Gansonré.
Un regard furtif dans les environs et nous apercevions Tiga Raymonde Ouédraogo, la soixantaine bien sonnée, se déplaçant avec difficulté à l’aide d’une béquille. « Ma maison n’est pas tombée mais avec des fissures provoquées par les eaux, ce n’est pas sûr qu’elle traversera la saison », affirme Tiga Raymonde Ouédraogo. Pourtant cette veuve accueille également des déplacés internes dans sa cour.
Même constat au secteur 5 de Kongoussi, quartier situé de l’autre côté du goudron à l’Ouest. Chez les Sawadogo, c’est le désastre. Plusieurs maisons se sont effondrées. Les murs de certains sont fendillés laissant entrevoir un trou béant. Certaines maisons fissurées tiennent toujours grâce à des appuis faits de troncs d’arbre. Par endroit le sol s’est affaissé créant des failles dans les cours et à l’intérieur des maisons. Sur le toit d’une maison, des jeunes arrachent les tôles et les charpentes. « L’eau nous a surpris en envahissant notre cour à travers un passage qu’elle a créé dans une cour voisine », s’explique Karim Sawadogo.
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En plus, ces pluies diluviennes ont également provoqué d’autres dégâts. « L’eau a pénétré toutes les maisons. Elle était tellement abondante et forte que trois maisons n’ont pas pu résister à la pression et se sont effondrées. Des biens matériels et même de l’argent ont été endommagés », déplore Karim Sawadogo tout en se déployant à arracher les tôles.
Idrissa Sawadogo s’apprêtaient à se rendre à la prière du vendredi lorsque la pluie a commencé à tomber. Au départ, il ne s’en était pas inquiété. Mais au fil du temps, il a commencé à s’inquiéter car les eaux commençaient à montrer alors que la pluie était forte. « Entre temps nous avons constaté que l’eau a atteint un niveau qu’elle n’a jamais atteint dans notre cour depuis le début de la saison. Par mesure de prudence, nous avons libéré les maisons dont celles en banco qui paraissaient ne pas pouvoir tenir face à la pression des eaux. On a tenté d’évacuer l’eau en vain, témoigne Idrissa Sawadogo, nos trois maisons sont finalement tombées. Grâce à cette vigilance et l’aide de Dieu, nous avons pu épargner certains biens et mettre les occupants à l’abri ».
La plus forte pluviométrie de l’année
Même constat chez Julienne, une veuve qui vit là avec ses trois enfants. Habituellement, elle arrivait à évacuer l’eau qui pénétrait dans sa maison par les trous et les fissures du toit. Mais cette fois, c’était plus fort. « Tout ce qui est dans la maison était submergé par l’eau. Je me débrouillais pour subvenir aux besoins de la famille mais avec les dommages subis, les choses se compliquent davantage pour moi. Vraiment si des bonnes volontés pouvaient venir à notre secours, on serait soulagé », affirme inquiète Julienne.
Des données recueillies à la direction provinciale en charge de l’agriculture confirment que la pluie du 09 septembre 2022 est la grande pluie jamais enregistrée à Kongoussi depuis le début de la présente saison pluvieuse. « Depuis le début de la saison, la plus grosse pluie tombée à Kongoussi est celle du vendredi 09 septembre avec 87 mm. L’autre grande pluie est tombée le 03 août avec 66 mm », a confirmé Yacouba Kaboré, directeur provincial en charge de l’agriculture du Bam.
Comparée à la saison de 2021, celle de 2022 est d’une pluviosité remarquable. En effet selon le directeur provincial, pour la même période, en 2021, la pluviométrie moyenne enregistrée à Kongoussi était estimée à 400mm contre déjà 740mm pour cette saison 2022. Pourtant, l’hivernage semble loin d’être terminée. Pour le moment, il n’existe pas de données sur le nombre de personnes sinistrées. L’agence nationale de la météorologie du Burkina avait annoncé des risques d’inondations pendant cette saison pluvieuse.
Zondwend KONSEIMBO