Combien de temps va durer la Transition dirigée par le capitaine Ibrahim Traoré ? Les forces vives, conviées à des consultations devront donner une réponse à cette question les 25 et 26 mai 2024. Des Burkinabè parlent de leurs attentes.
Les Assises nationales se tiennent les 25 et 26 mai 2024. A cette rencontre, il sera décidé de la suite à donner à la Transition, sous le magistère du capitaine Ibrahim Traoré, qui devrait s’achever le 1er juillet 2024. Ces Assises réunissent des représentants de partis politiques, d’organisations de la société civile, des Forces armées nationales et de sécurité, des religieux et coutumiers.
Ceux-ci, selon le programme établi, doivent faire le bilan de la Transition du capitaine Ibrahim Traoré et tabler sur des sujets en lien avec la lutte contre le terrorisme et la corruption, la réponse à la crise humanitaire, les réformes politiques et institutionnelles entamées ou encore la réconciliation nationale…
« (…) le dynamisme sera conservé et la pression sur l’ennemi maintenu »
Avec la possibilité d’apporter des modifications à la Charte de la Transition, les participants doivent décider de la prolongation du mandat des autorités en place. A ce propos, Drissa Koné, 45 ans, agent de la Fonction publique, estime qu’il faut « maintenir la dynamique de la reconquête du territoire national et toutes les autres mesures entreprises dans ce sens ».
Directeur général d’un Cabinet, Ibraime Traoré, est sur la même longueur d’onde. Pour lui également, en cas de prolongation, « le dynamisme sera conservé et la pression sur l’ennemi maintenu ». Cet expert en traduction/Interprétation ajoute que les autorités en place ont, certainement, déjà tissé leurs réseaux pour l’acquisition de matériel de guerre contre le terrorisme. Pour cela, il propose de laisser la Transition continuer.
Ne pas se dire qu’ on a « le quitus du peuple«
Il prévient toutefois les autorités de la Transition de ne pas se dire qu’elles ont « le quitus du peuple et peuvent tout faire. Elles doivent être mesurées dans leurs décisions, leurs conduites… », les invitant à « aller dans le sens du peuple ».
Le président de l’Association des citoyens leaders, Ibrahim Traoré, dit attendre une prolongation de la Transition d’au moins cinq ans. Selon lui, le Burkina Faso a déjà connu une transition en 2015, à l’issue d’une Insurrection populaire.
Si cette première transition a eu lieu alors que le pays était « calme », il avance que la présente tombe sur une période à fort défi sécuritaire. Le président de l’Association des citoyens leaders précise que la lutte contre le terrorisme a besoin de temps et « il faut en accorder à la Transition actuelle ». A son avis, « (…) s’il doit y avoir des élections, il faudra escorter les partis politiques pour leur campagne électorale dans certaines localités ».
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Drissa Koné espère « des conclusions consensuelles pour la bonne marche de la vie socio-politique ». Ibraime Traoré , lui, tient à ce que « les participants accordent leurs violons et que les Assises se déroulent sans violence, sans injures, sans vengeances », car cela y va de « notre existence, notre image et de notre vision pour ce pays ».
Pour Ghislaine Ouédraogo, communicatrice, qui se dit lasse de la situation sécuritaire du pays, « Si ça peut nous aider à résoudre cette crise sécuritaire, c’est une bonne chose. On veut la paix seulement. Si les décisions qui seront prises là-bas nous aideront à résoudre la crise sécuritaire et économique, c’est une bonne chose« .
A quel titre participent les partis politiques?
L’étudiante de troisième cycle en Médiation et Gestion des conflits, Carole Kaboré, se demande à quel titre les partis politiques prennent part à ces assises dont les initiateurs ont suspendu les activités. « Vous, ne pouvez pas suspendre les activités des partis et formations politiques et vouloir gouverner. Il ne faut pas peindre en noir les hommes politiques, il faut les écouter » s’est-elle épanchée, ajoutant » (…) les partis et formations politiques étant en inactivité, les hommes politiques participent à quel titre? ».
Ces consultations se déroulent, en effet, sans des composantes de la scène politique burkinabè. Le mouvement Servir et non se servir trouve qu’ « aucun acteur crédible ne devrait s’en rendre complice » et l’ex Alliance des partis de la majorité présidentielle (APMP) pose des conditions de sa participation, visiblement intenables avant la date des assises.
L’article 27 de la Charte de 2022 adoptée par les 350 participants à l’issue des premières Assises avait permis de mettre une Transition après le Coup d’Etat contre Damiba. Cette charte a aussi permis la mise d’un Gouvernement et l’Organe législatif de la Transition pour une durée de 21 mois, à compter du 2 octobre 2022. C’est en fin du mois d’avril dernier que l’Assemblée législative de Transition (ALT) a adopté une Loi portant sur la convocation d’assises nationales.
Boureima Dembélé