Sale temps pour certains utilisateurs des réseaux sociaux, notamment Instagram. Plusieurs comptes ont été supprimés. Des artistes ou personnalités publiques avec plus d’un million d’abonnés se sont retrouvés un beau matin sans compte. Ingénieur informaticien, Cheick Omar Ouédraogo nous éclaire sur ce qui s’apparente à une vague d’épuration sur les réseaux sociaux. Dans cette première partie de l’interview qui sera diffusée en deux phases, celui qui cumule plus de 20 ans d’expérience en système, réseaux et sécurité informatique nous parle du coté aléatoire de la célébrité bâtie sur les réseaux sociaux, sans précaution.
Comment expliquer cette vague de suppression sur les réseaux sociaux, notamment Instagram ?
Ce sont des plateformes qui appartiennent maintenant à Meta, la maison mère de Facebook. Comme la plupart des réseaux sociaux et des plateformes informatiques qui existent, il y a des conditions générales d’utilisation que malheureusement beaucoup de gens ne lisent pas. Ces conditions sont régulièrement mises à jour au fur et à mesure que la législation et les enjeux évoluent.
Il faut comprendre que Meta, la maison mère de Instagram a eu pas mal de déboires avec la justice, le législateur américain et européen, liés à l’utilisation des données et sur le fait que les gens n’utilisent pas toujours leurs vraies identités en ligne. Il faut comprendre que ces plateformes sont l’objet tout le temps de grosses batails juridiques, liées soit au droit d’auteur, à l’utilisation de certaines images, aux questions de droit de l’homme, de harcèlement.
Pour tout cela, les plateformes font évoluer leurs conditions générales d’utilisation. A la base quand vous installez, on vous demande de lire les conditions d’utilisation et de les accepter. Il y a des notions générales qui reviennent : il ne faut pas mettre de la nudité, de la violence, mettre des images qui vous appartiennent à défaut précisé d’où elles viennent.
Face à tous ces défis, ils ont décidé de mettre en place des mécanismes pour que les utilisateurs fassent attention à tout ce qu’ils mettent dans leur compte.
N’y a –t-il pas d’avertissement avant suppression ?
Au niveau d’Instagram, ils ont créé une rubrique qui vous permet de voir si vous avez enfreint ou pas les conditions d’utilisation de la plateforme. Malheureusement très peu d’utilisateurs vont voir cette rubrique pour comprendre combien de fois ils ont enfreint. Et quand la plateforme juge que vous avez enfreint plus qu’il n’en faut, elle procède à une suspension qui est temporaire pour vous demander de faire un appel. Si vous pensez avoir été abusivement suspendu, vous faites un recours et ils vont examiner. Si c’est validé, le compte vous est restitué, dans le cas contraire, il est définitivement supprimé.
A côté de ça, il y a la bataille contre les faux comptes. Il y en a énormément. Il faut savoir qu’il y a toute une économie qui tourne autour des réseaux sociaux. On parle d’influenceurs qui ont 500 000 abonnés, 50 000 likes par publication. Il y a malheureusement quelques-uns qui achètent ces abonnés ou ces likes. Naturellement quand ces plateformes se rendent compte, elles vont vous mettre en garde ou désactiver s’il n’y a pas de retour positif.
Les faux comptes sont-ils si importants ?
Bien sûr. Il y a plusieurs aspects à prendre en compte. Si on vous dit par exemple que Instagram c’est 500 millions d’abonnés alors qu’en vérité, on a plus de 100 millions d’abonnés qui sont faux, vous voyez ce que cela signifie. Ils ont besoin d’éviter des chiffres fantômes.
Des artistes ont perdu des comptes de plus d’un millions d’abandonnés. Est-ce irréversible ?
Vous savez, Donal Trump avait un compte twitter avec plus de 40 millions d’abonnés. Ce compte a été supprimé du jour au lendemain. Il était président des Etats Unis, l’homme le plus puissant du monde. Ce ne sont pas nos artistes à nous qui sont peut-être connus que dans notre pays ou dans trois pays qui peuvent faire changer quelque chose dans la plateforme.
Nous avons peut-être notre célébrité ici, mais nous pesons très peu dans cet écosystème. Cette situation ne peut que faire comprendre à ces artistes qu’il faut bâtir sa stratégie sur du solide. Au Burkina, on a cette expression fait rire : quand tu dors sur la natte du voisin, tu dors par terre. C’est la même chose. Beaucoup de gens ont bâti leur image, réputation et business sur des plateformes sur lesquelles ils n’ont aucun contrôle. C’est quand même dangereux…