Eux, composent pour l’obtention d’un diplôme en menuiserie, maçonnerie, mécanique, génie civil, froid et climatique, agriculture…Les candidats aux Certificats d’aptitude professionnelle (CAP) et Brevets d’études professionnelles (BEP) ont commencé les épreuves le 4 juin 2024 au Burkina Faso. Ils sont le plus souvent moins médiatisés que leurs camarades candidats aux différents examens de l’enseignement général.
Ils ne sont pas dans les ateliers comme on pourrait l’imaginer. Mais dans des salles de classe, assis devant des feuilles de composition comme s’ils passaient un examen de l’enseignement général. Pourtant, ils composent pour décrocher des diplômes techniques dans des domaines comme la coupe couture, la soudure, le génie civil, la topographie, le froid et la climatisation… Les examens dans les filières techniques ont également débuté ce 4 juin 2024 avec phase écrite. La pratique ayant déjà été faite.
« En principe on devrait les voir avec des machines, en train de travailler, de faire des montages. Depuis quelques années, cette partie a évolué. La composition se fait avant les examens sur table. C’est ce qu’on appelle les évaluations en cours d’apprentissage. Les candidats ont été évalués lors des travaux pratiques » , nous explique, le président du jury 45, logé au lycée professionnel régional du centre, Bamori Ouattara. Dans ce grand centre, plus de 1300 candidats composent pour le BEP ou le CAP industriel.
Cédric Ouédraogo reprend des forces. Le candidat en CAP mécanique générale vient de finir la composition de l’épreuve de Physique Chimie et déguste un sandwich en attendant. Le visage passible, adossé à un banc de soupir en béton au sein du lycée professionnel régional du centre où il compose, il explique que les premières épreuves étaient abordables. « Ce n’était pas compliqué, c’est le temps seulement qui a fait défaut. Mais je pense avoir fait l’essentiel », se convainc-t-il.
Inquiet comme un technicien
La hantise du jeune candidat, c’est la phase pratique qu’il a passée il y a quelques semaines. L’élève inscrit au Lycée technique national Sangoulé Lamizana, estime que les machines qui ont été mises à leurs dispositions au lycée technique régional pour la pratique étaient vétustes. « Ici, les machines ne sont pas bonnes. Eux-mêmes nous disent cela. Il y a des tambours qui n’étaient pas gradués, or lorsqu’on doit enlever les passes, c’est en fonction des graduations. Par exemple on veut enlever 0,5 on fait comment ? C’est tout cela qui fait que j’ai peur de la pratique parce que c’est une note éliminatoire. Si tu as moins de 10 en pratique alors que tu as 15 dans les autres, tu as raté le CAP ».
Parole d’un technicien en devenir. Il espère cependant que les examinateurs tiendront compte de ces impairs dans la notation.
Il n’est pas seul à qui la pratique a laissé un goût d’inachevé. Djemiratou Sakana également en garde un mauvais souvenir. « Tu allumes la machine et entre-temps ça s’arrête. C’était un peu difficile alors que notre thème était abordable », rappelle-t-elle, tout en précisant que les épreuves écrites ont bien débuté ce 4 juin au lycée professionnel régional du centre.
Le président du centre, Bamory Ouattara lui, se satisfait d’un début sans accrocs dans tous les jurys. « On craignait que les choses ne démarrent pas normalement. Les candidats composent sereinement. Tout se passe bien », rassure M. Ouattara par ailleurs président du jury 45.
Techniquement correct…
Juste un petit passage sépare le lycée professionnel des métiers de la mode vestimentaire à celui de la région du centre. C’est le seul centre de composition de la ville en BEP coupe couture. Les 230 candidats plongés dans une épreuve ont pratiquement tous les têtes baissées. La concentration est maximale sous les regards vigilants des agents commis à la tâche.
« Dans l’ensemble, je dirai que tout se passe bien. On a juste enregistré quelques absences en plus il y a eu des erreurs sur l’épreuve de Mathématiques. Nous avons vite corrigé cela. Vraiment la particularité en coupe couture, c’est qu’il y a beaucoup d’épreuves, il faut faire attention à l’ouverture des enveloppes pour ne pas se tromper d’enveloppes », mesure le proviseur du Lycée professionnel des métiers et de la mode vestimentaire, Hamado Nombré.
Un peu plus loin, au lycée technique national Aboubacar Sangoulé Lamizana (LTN/ASL), Sandrine Sawadogo, vient de terminer les épreuves de la matinée : Droit, Histoire-géographie, rédaction commerciale. Dans l’après-midi, il y aura les épreuves de classement, calcul rapide, et hygiène. Mais en attendant, assise sur un pagne avec des camarades, elle devise et jette souvent un coup d’œil dans son cahier ouvert pour des ultimes révisions « Ah moi j’avais trop peur ce matin hein. C’est après la première épreuve que ça a commencé à aller. C’était abordable. Ce n’est pas différent de ce que nous envoyons en classe », précise la candidate.
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Dans ce grand centre de composition, plusieurs filières y sont logées. Pendant que les candidats au CAP comptabilité font une pause, ceux en géométrie topographie sont en pleine composition. Devant les salles, l’on peut constater le silence qui règne, les allers et retours des surveillants, ou les sacs entassés devant les tableaux ou accrochées aux portes.
Adama Ouédraogo y est président du jury 39. Il explique avoir 200 candidats répartis en deux filières : 130 candidats en électronique et 70 en maintenance informatique. Tout se passe bien rassure-t-il également. Comme pour résumer, il note que chaque candidat récoltera ce qu’il a semé pendant les 9 derniers mois.
En tout cas, dans quelques jours Djemiratou Sakana et ses camarades feront face aux résultats. Elle qui ambitionne poursuivre ses études techniques, veut faire une école de robotique à l’extérieur du pays dit être consciente que le parcours est encore long. Mais la première barrière à franchir est le CAP.
Tiga Cheick Sawadogo