Au Burkina, la canicule et les délestages répétitifs font grimper le chiffre d’affaires des vendeurs de matériel solaire. Les panneaux photovoltaïques, lampadaires, réfrigérateurs, batteries et ventilateurs solaires s’arrachent comme de petits pains.
Dans une chaleur suffocante, l’habit trempé et le visage dégoulinant de sueur, Abdoul Derra déballe son nouveau stock de matériel solaire. Sa boutique située au centre-ville est pleine de matériel de tout genre : des kits solaires complets composés de panneaux solaires, ventilateurs rechargeables, lampadaires solaires, de chauffe-eau et réfrigérateurs solaires et autres. Alors que le patron des lieux discute avec plusieurs personnes dont des potentiels clients, il nous souffle que ses affaires sont bien florissantes depuis quelques mois.
« Comme la Sonabel (Ndlr. Société nationale d’électricité du burkinabè ) n’arrive pas à assurer l’électricité partout, nous avons vu que nous pouvons faire de bonnes affaires avec le matériel solaire pendant ces périodes de chaleur et de délestage », dit-il, l’air visiblement satisfait. Il s’empresse d’ajouter que sa clientèle ne se limite pas seulement à la capitale. Elle est partout, dans les villes et campagnes du pays et de plus en plus nombreuse.
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Désiré Compaoré est un client de la boutique de Abdoul Derra. La cinquantaine, il dit avoir basculé vers l’énergie solaire, fatigué et exaspéré des délestages de la nationale de l’électricité. « J’ai décidé d’utiliser une installation solaire complète afin d’éviter les désagréments causés par les délestages incessants », dit-il, d’une voix plaintive.
La demande en kits solaires a augmenté à cause des perturbations de la fourniture en électricité et la canicule. Conséquence de la forte demande, certains matériels comme le ventilateur rechargeable manquent sur le marché. Il est le plus demandé. « Cette année, si je prends l’exemple du ventilateur rechargeable, actuellement nous n’en avons plus », confirme Abdoul.
Une chaleur bonne pour les affaires
Dans une autre boutique, Arouna Compoaré est au milieu de ses employés. Il donne des instructions, passe des coups de fil. Propriétaire d’une entreprise de vente de panneaux solaires, il insiste sur le fait que la demande est plus forte que les années précédentes. Souvent plus de 150 panneaux écoulés en une seule journée dans la ville de Ouagadougou et à l’intérieur du pays. « Rien qu’en mars/avril, nous avons fait deux containers de panneaux salaires. Dans un conteneur on peut charger 1000 à 1400 panneaux », se réjouit l’homme d’affaires.
Ingénieur de formation qu’il est, Arouna Compoaré en plus de la vente du matériel solaire, est rompu dans l’installation et le conseil en matière solaire.
Philippe Ouedraogo lui également se frotte les mains. Il ne s’en cache pas. Cette année, pendant que la population a chaud, lui se fait de bonnes affaires. Propriétaire d’une entreprise dans le domaine solaire, il reconnaît avoir rarement fait un bon chiffre d’affaires que cette année.
Le solaire a un coût
Selon Arouna Compaoré le prix des kits solaires varie entre 800.000 et 1 millions 800.000 de francs CFA. Les ventilateurs rechargeables, les plus sollicités par les clients, coûtent 40.000 francs CFA. Un coût plus élevé que ceux fonctionnant avec l’énergie thermique. Malgré tout, avec sa rupture, des clients sont prêts à débourser 60 000 pour l’avoir. Abdoul Derra : « Actuellement avec la rupture même à 60.000, les gens sont prêts à payer. En moyenne nous avons dix clients par jour », poursuit le commerçant.
Flairant les bonnes affaires, des commerçants d’autres types d’articles ont vite fait de se reconvertir en vendeurs de matériel solaire. Malgré les prix élevés, les clients qui n’ont pas vraiment le choix, affluent au grand bonheur de Abdoul Derra et ses camarades.
Salimata Barry ( Collaboratrice)