Pendant les examens du baccalauréat, alors que les candidats composent, un autre enjeu de taille préoccupe les organisateurs : la correction des copies. Un dispositif rigoureux est mis en place pour assurer la crédibilité des résultats et l’égalité de chances pour tous les candidats. Pour une fois, nous avons vu comment se déroule la correction des copies.
Lycée Marien N’Gouabi de Ouagadougou. Deuxième jour de composition des examens du baccalauréat. À l’ombre des murs, sous des arbres, ou encore au milieu au milieu de tables banc, les candidats la plupart détendus, discutent tandis que d’autres révisent les leçons des prochaines épreuves. Pendant ce temps, à l’écart, dans une salle de classe réservée, des correcteurs du jury 117 s’attellent à la tâche.
Wendson Guiguemdé, enseignant de philosophie, s’est bien installé devant une pile de copies. Les verres correcteurs bien ajustés, les pieds déchaussés pour mieux se détendre, il scrute chaque copie avec minutie. « Le démarrage est assez lent. Comme il y a jusqu’à trois sujets, ça prend un peu de temps », concède-t-il d’une voix posée tout en cachant les copies comme des secrets d’Etat. En principe, tout est confidentiel. Édouard, la cinquantaine doit corriger 47 copies et respecter les délais pour la proclamation des résultats prévue le 27 juin.
« Ce n’est pas une course de vitesse »
Plusieurs années que Wendson Guiguemdé corrige les copies d’élèves au baccalauréat. Une routine pour lui désormais: il n’a plus la pression des premières fois. « C’est le réflexe. Puisque c’est de nombreuses années d’expérience, la correction, c’est une pratique qui est régulière chez l’enseignant. Ça fait partie donc de ses activités, de ses attributions. Donc, il a certainement acquis des mécanismes », avoue Guiguemdé.
À l’intérieur de la salle, Asseta Ouédraogo, elle aussi enseignante de philosophie, a les yeux rivés sur ses copies. 135 élèves de la terminale A, série littéraire, attendent son verdict. Elle a reparti ses copies en trois lots. Une stratégie pour être efficace. « Ça ne va pas rapidement parce qu’on est en train de prendre connaissance des sujets, voir comment les élèves procèdent. Ce n’est pas une course de vitesse », explique-t-elle.
La correction des copies du baccalauréat est une étape cruciale des examens. Pour cela, un conseil des correcteurs est mis en place. Avant la correction, les enseignants décortiquent ensemble les sujets et les corrigés, établissent un procès-verbal qui sert de référence à tous. Après cette étape, la correction peut commencer.
Tout est mis en place pour réduire les difficultés. Cependant, ces correcteurs font un constat : « C’est la mauvaise compréhension des sujets. On s’est rendu compte que, bon, les élèves se sont beaucoup trompés ». La philosophie est l’une des matières les plus redoutées par les élèves. Trois sujets au choix sont proposés à l’épreuve de philosophie.
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Cette année, les candidats doivent débattre d’une assertion de l’historien Joseph Ki-Zerbo sur l’universalité des droits de l’homme. « La liberté nous donne-t-elle le droit de tout dire ? » interroge le deuxième sujet. Quant au troisième, il plonge dans un texte de Ramataoulaye Diagne, extrait de l’ouvrage Comment philosopher en Afrique aujourd’hui. Le sujet explore le conflit entre philosophie et religion.
Les correcteurs comme des candidats inversés, se mettent à la place des candidats. « On prend notre temps. (…) Ce n’est pas de l’arbitraire. Il y a un barème à suivre et les corrections sont objectives même s’il y a une part de subjectivité du candidat qu’il fait ressortir », souligne Guiguemdé Wendson.
La confidentialité et la transparence sont des aspects incontournables de la correction des copies. Dans une salle de classe transformée en bureau, Ousseni Kindo, plus de la quarantaine, président du jury 117, veille au respect de ces principes. Face à des piles de copies, lui et ses deux secrétaires s’attellent à la mise sous anonymat. Des numéros remplacent les noms et autres données personnelles du candidat. Les entêtes contenant ces données soigneusement détachées et classées minutieusement.
Quelques difficultés
Après chaque composition, c’est la tâche à laquelle s’attachent les différents secrétaires. Une fois les copies rendues anonymes, elles sont transférées aux correcteurs. Il y a deux correcteurs par matière. « Le correcteur ne voit pas le nom du candidat. Il porte les notes avec les anonymats. S’il finit de corriger, il nous renvoie la copie », explique Ousseni Kindo. Après avoir porté sa note, le correcteur garde une copie. Cette précaution, pour éviter tout litige.
Tous les jurys ne sont pas logés à la même enseigne. Au Lycée Municipal de Paspanga, les candidats profitent également d’une pause. Boukary Adana, président du Jury 108 qui concerne des candidats de série scientifique et technique et ses secrétaires procèdent à la mise à l’anonymat des copies en attendant de les transmettre aux enseignants pour correction. Mais pour le moment, tous ne sont pas encore là.
Son collègue du Lycée Nelson Mandela, situé à une centaine de mètres, Alideta Drabo, présidente du Jury 109 patiente dans une salle remplie de copies de feuilles de compositions. « La correction à proprement dite, n’a pas débuté chez nous, à notre niveau pour le moment », mentionne-t-elle, un peu découragée et impatiente.
Les copies des deux premières matières ont été rendues anonymes en attendant les correcteurs qui ne sont pas encore pointés. Malgré ces retards, la confiance règne. L’expérience de la plupart d’entre eux les rassure : ils sauront rattraper le temps perdu.
Boukari Ouédraogo