Des arbres, des légumes, des fleurs…des citoyens à la main verte s’adonnent au jardinage produisant ce qu’ils consomment comme fruits et légumes. Mais au-delà de ces cultures sans intrant chimique, c’est un bien fou qu’ils se font et la nature en profite.
A domicile, dans des récipients divers comme des seaux ou autres choses ou même directement plantés au sol, ils font naître de jeunes pousses qu’ils entretiennent de bout en bout, jusqu’à en manger les fruits.
C’est ce qui s’offre au regard dès l’entrée du domicile de Abraham Diao, responsable commercial dans le domaine de l’artisanat et passionné de jardin potager à domicile. Très peu d’espace laissé à autre chose. Des plantes partout, directement au sol, dans des seaux en plastique, ou même dans des bocaux fixés au mur ou sur des tuyaux grâce à une corde. Cela crée un micro climat agréable dans une ville où le mercure culmine à environ 40 degrés pendant les périodes chaudes de l’année.
Abraham Diao fait savoir que son potager lui prend entre 30 et 45 mn les matins et aussi les soirs, pour essentiellement l’arrosage. Il s’adonne à cette passion les week-ends, pratiquement toute la journée : « Les samedis et dimanches, je peux passer toute la journée à faire du jardinage », confie-t-il.
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C’est presque pareil chez Karim Yabré, gestionnaire des ressources humaines et ingénieur de recrutement qui occupe la dernière maison d’une cour commune de cinq portes. Mais lui a mis ses plantes uniquement dans des pots. Karim Yabré qui fait le jardinage depuis 2017 à son domicile, soutient que la plus grosse facture d’eau qu’il a payée s’élève à 5000 F CFA.
Et ce n’est pas fréquent, selon ses dires. « D’ailleurs ce n’est arrivé que deux fois. C’est dire que ça ne consomme pas beaucoup d’eau, puisque ce sont des pots avec une limite de contenance. Donc on ne peut pas gaspiller l’eau dans l’entretien », justifie-t-il. Ce n’est pas ce que pense Abraham Diao, pour qui, « la facture d’eau vient souvent salée », s’accrochant au fait que c’est une passion pour lui : « Quand on cueille quelques fruits, des légumes de son potager, on oublie la contrainte de la facture d’eau », s’épanche-t-il, l’air fier.
Le jardinage à domicile contribue à la sécurité alimentaire. Mais, la question d’eau pourrait se dresser sur le chemin. La gestion de cette denrée, pour un pays sahélien comme le Burkina Faso, s’avère importante. Des dispositifs comme le système d’irrigation goutte à goutte existent comme alternative dans la préservation des ressources en eau, qui se fait de plus en plus rare du fait du réchauffement climatique.
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Les deux se mettent d’accord, en ce qui concerne les avantages du jardin potager à domicile. Le responsable commercial, les yeux pétillants d’un mélange de bonheur et de passion, explique que de ce qu’il gagne, c’est la quantité mais surtout la satisfaction de savoir qu’on a soi-même fait pousser, bichonner et fait grandir ce qu’on récolte. « On sait d’où vient ce légume, comment il a été produit et qu’il est complètement sain. On ressent un réel plaisir à manger le fruit de son potager », se réjouit M. Diao.
Karim Yabré , lui, fait savoir qu’il a récolté, il y a peu, de la tomate que son épouse a utilisée pour leur cuisine familiale pendant une bonne période. Grâce aux produits de son potager, confie-t-il, « il y a des moments où l’on peut faire deux mois, sans rien acheter au marché », ajoutant que « l’idée c’est de réduire l’achat au marché, en termes de coût et de qualité nutritionnelle de ce qui passe dans la casserole ». Du reste, sur cet aspect Abraham regrette que certains fruits et légumes de nos jours pourrissent très rapidement.
Sans produit chimique
Les passionnés de jardins qui nous ont ouvert leurs portes rassurent qu’aucun produit chimique n’est utilisé dans leurs potagers. L’un comme l’autre assurent s’être orientés vers le potager, pour pouvoir consommer du bio. A côté de cela, les produits chimiques, selon leurs témoignages, ne peuvent pas être utilisés à domicile au regard de certains des leurs effets. C’est dire donc, selon les explications reçues des pratiquants, que ce jardinage sans pesticide contribue à atténuer les effets du dérèglement climatique.
A ce propos, le spécialiste d’agriculture durable et sociologue du développement, Alain Gouba, prévient que dans l’agriculture maraîchère, il y a beaucoup de pratiques qui ne sont pas adaptées, recommandées ou conseillées. Cela, du fait que certains font usage des intrants qui ne sont pas forcément adaptés à certaines cultures maraîchères. Par exemple l’utilisation dans leur jardin de l’engrais destiné au coton ou des insecticides affectés à d’autres cultures.
Il existe des plateformes notamment sur le réseau social Facebook où des passionnés de jardinage partagent leurs expériences et s’entraident dans leur passion commune.
Boureima Dembélé