En 2014, une loi a été promulguée au Burkina Faso pour interdire les emballages plastiques non biodégradables. Trois ans plus tard, en 2017, l’introduction d’une taxe sur les emballages et sachets plastiques homologués visait à dissuader leur importation, leur commercialisation et leur vente. Malgré ces mesures, le sachet plastique reste un élément incontournable pour de nombreux commerçants et usagers.
Il n’est que 10h, dans le grand marché de Ouagadougou, et déjà Salif est à sa 3e commande de sachets plastiques. Son rouleau de scotch fidèle à ses côtés il emballe avec minutie. En tant que jeune employé chez un grossiste local, il est bien conscient de la demande constante en sachets. « Par jour on peut vendre plus de 5 tonnes. Les sachets les plus vendus sont ceux de 25f, 50f avec sachet lumière que les gens utilisent pour mettre les prêts à porter», reconnaît-il, tout heureux. Malgré les taxes imposées, le commerce des sachets plastiques ne montre aucun signe de ralentissement. Le secteur se porte bien.
Pour maximiser leurs marges, certains commerçants ont maintenu les prix initiaux mais ont réduit le nombre de sachets par lot. Cette stratégie n’a pas découragé Awa, une vendeuse de pain, qui estime qu’elle ne peut pas faire son commerce sans sachets plastiques. « J’utilisais 6 paquets de sachets par jour mais depuis que la quantité a diminué, il faut que j’en achète entre 7 et 8 par jour pour conditionner les sandwichs des clients », dit-elle.
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Ali, gérant d’une boutique, lui, regrette la baisse de la qualité des sachets biodégradables. « La qualité est tellement faible que même un sachet d’eau peut le déchirer. Beaucoup de clients se plaignent », relève le jeune commerçant. Alors pour satisfaire la clientèle et surtout éviter des incidents qui pourraient lui faire perdre des clients, il double simplement des sachets. Une surconsommation à moindres frais.
En 2021, 224 437 tonnes de déchets plastiques ont été générées, contre 104 011 tonnes en 2010, selon les chiffres le Secrétariat permanent des Organisations non gouvernementales. Une hausse préoccupante et sans cesse. Le ministère en charge de l’Environnement sentant le danger, a alors envisagé l’interdiction des petits sachets, principaux polluants.
Le directeur de la protection de l’environnement, Dramane Sawadogo a expliqué lors d’un entretien sur la télévision publique, RTB, que « quand on regarde les décharges sauvages, on constate que les sachets de 10f, 25f sont les plus nombreux et ce sont ces sachets qui polluent l’environnement et qui constituent un problème pour le bétail, pour les caniveaux en termes d’inondation et autres ».
Une relecture de la loi No17-2014/AN du 20 mai 2014 portant interdiction de la production, de l’importation et de la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables est en cours.
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Craignant les répercussions sur ses activités, l’Association des importateurs de Sachets Plastiques Biodégradables et Recycleurs de Déchets Plastiques du Burkina Faso est montée au créneau. Elle a demandé l’annulation de la suspension des activités relatives à l’importation, la production et la commercialisation du sachet biodégradable. C’était au cours d’une conférence de presse le 21 mai dernier.
Tout en reconnaissant l’impact que peut avoir les sachets plastiques sur l’homme et l’environnement, Abel Kaboré, vice-président de l’association et ses camarades ont demandé au gouvernement de revenir sur la table de négociation afin de trouver des pistes de solution. Elle a aussi saisi l’occasion pour inviter le gouvernement à durcir les contrôles sur l’importation des sachets plastiques non biodégradables.
Danielle Coulibaly