Un artiste photographe et un psychologue ont mis en commun un projet qui a consisté à former 20 enfants autistes et déficients mentaux à la photographie. L’objectif de cette formation est de pousser ces enfants à développer des compétences. C’est un projet d’inclusion qui capture l’espoir des parents et des enfants.
Ambiance de cours de récréation à Wemtenga, un quartier populaire de Ouagadougou. Dès l’entrée de la villa qui abrite le siège de l’Association burkinabè d’Accompagnement psychologique et d’Aide à l’Enfance (ABAPE), des rires et des cris d’enfants se font entendre. Certains suivent des cours, d’autres mènent des activités ludiques.
Dans une salle de cours, des photos parent les murs. Et ces photos sont le fruit de l’imagination d’enfants issus de cette école de seconde chance. 20 enfants participent de façon volontaire à cette initiation à la photographie.
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Un psychologue et un photographe sont les initiateurs de ce projet intitulé « L’autre regard », soutenu par African Culture Fund (ACF). Les apprenants, tous des enfants autistes et déficients intellectuels, ont surmonté leur handicap pour réaliser des photographies captivantes.
Apprendre et encadrer des enfants atteints d’autisme et de déficience mentale à la photographie n’est pas une tâche aisée. Malgré les contraintes, l’artiste photographe Harouna Marané a réussi sa mission avec ces enfants du Centre pour enfants autistes et déficients intellectuels à Ouagadougou.
Il a appris aux enfants le fonctionnement d’un appareil photo, le cadrage et la capture d’images à l’aide de l’appareil. Ces enfants autistes et déficients intellectuels ont réalisé de nombreuses photos. Une trentaine est retenue pour un vernissage baptisé « L’autre regard » dans ledit centre.
Un effet psychologique positif
« Le plus difficile dans l’apprentissage de ces enfants, c’est la maitrise des enfants, pouvoir les maitriser et les canaliser », explique Harouna. Il ajoute qu’« il fallait aussi les amener à ne pas trembler, vu même leur état physique ».
Le coordonnateur du centre, Boukary Pamtaba, définit l’autisme comme un trouble du développement qui se manifeste par une altération de la communication et des interactions sociales. Le psychologue fait comprendre que la déficience mentale est un ensemble de « difficultés plus ou moins importantes de réflexion, de conceptualisation, de communication, de décision ». C’est la preuve pour eux, que les enfants peuvent surmonter leur handicap.
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L’artiste photographe voit en ce projet une prise en compte des enfants autistes et déficients mentaux. « Un projet d’inclusion et d’incubation », a-t-il dit.
Boukary y voit une occasion « (…) qui a été bénéfique pour les enfants. Ils ont pu toucher du doigt le fruit de leur travail ». Pour lui, réussir à réaliser ces photos par eux-mêmes est très bénéfique pour la confiance de ces enfants. « La confiance peut être un déclic mental qui peut leur permettre de développer d’autres compétences », précise-t-il.
La satisfaction des parents d’enfants autistes et déficients mentaux
Issa Kaboré, parent d’élève est venu chercher son enfant Abidine qui participe à cet atelier de formation. Son enfant souffre d’autisme. Il estime que cette initiative a été avantageuse pour son enfant. Lui qui dit avoir inscrit son enfant pour l’aider à devenir autonome a foi que « dans l’avenir les enfants pourront exercer le métier de photographe ». Pour ce faire, il souhaite que le projet se poursuive afin de continuer à rendre les enfants autonomes.
Fati Sana, les yeux pétillants de fierté regarde sa fille Saïbata, satisfaite de ses talents en photographie. La maman de Saïbata trouve que cet apprentissage a été bénéfique pour son enfant.
Pour cela, elle émet le vœu que l’initiative se poursuive. « J’ai trouvé les photos de mon enfant belle », lâche-t-elle avec un brin de sourire au coin des lèvres, la main caressant la tête de son enfant.
Boureima Dembélé