Le gouvernement a lancé le 13 juillet dernier la grande saison du tourisme interne, présenté comme une forme de résilience. Face au recul du tourisme récepteur à cause de la crise sécuritaire et entre-temps la pandémie de la covid-19. Dans cette interview, Emmanuel Bako Directeur marketing et communication par intérim à l’Office national du Tourisme Burkinabè explique les enjeux du tourisme interne. Il explique également les facilités offertes pour inciter les Burkinabè à visiter leur pays. Notamment la réduction 50% sur les tarifs d’hébergement pour les nationaux dans certains établissements d’hébergement touristiques.
Studio Yafa: Quelles sont les zones touristiques du Burkina ?
Emmanuel Bako: Nous avons d’abord la zone touristique du centre. Elles est constituée des régions administratives du centre, du plateau central, du centre ouest et du centre sud. Dans cette zone touristique, on dénombre 413 sites et attraits touristiques. Cela soit 38,2% des sites du patrimoine touristique national.
Il y a la zone touristique de l’ouest. Elle regroupe les régions des Hauts-Bassins, des Cascades, du sud-ouest, de la Boucle du Mouhoun. Là, il y a 216 sites touristiques, soit 20% des sites du patrimoine touristique national.
Nous avons également la zone touristique du Sahel. Elle regroupe les régions du Sahel, du centre nord et le nord. À ce niveau, on dénombre 229 sites et attraits touristiques, soit 21,2% des sites du patrimoine touristique national.
Enfin la zone touristique de l’Est. Là, il s’agit des régions administratives du centre est et de l’Est. A ce niveau, nous avons dénombré 222 sites et attraits touristiques, soit 20,6% des sites du patrimoine touristique national.
« L’accent est mis sur le tourisme interne »
Alors, ces derniers temps, on entend beaucoup parler de tourisme interne, l’ONTB qui encourage les Burkinabè à découvrir leur pays. Quels sont les enjeux du tourisme interne ?
D’abord selon la définition qui est convenue, le tourisme est l’ensemble des activités déployées par les personnes au cours de leurs voyages et de leurs séjours. Ce, dans les lieux situés en dehors de leur environnement habituel pour une période consécutive qui ne se dépasse pas une année.
Pour ce qui est du tourisme interne, il s’agit du tourisme pratiqué par les résidents d’un pays donné, qui voyage à l’intérieur de ce pays. Donc, il peut s’agir des résidents et des étrangers aussi qui ont pris le Burkina Faso comme terre d’accueil et qui y vivent également. Lorsqu’ils se déplacent pour découvrir le patrimoine touristique, ils pratiquent ce qu’on appelle le tourisme interne.
L’accent est mis sur le tourisme interne depuis la première politique en matière de tourisme au Burkina Faso en 2002. Cette politique disait qu’il fallait fonder le développement sous les valeurs. Une deuxième politique, c’est la stratégie nationale de la culture du tourisme. Et dans les axes de cette stratégie nationale du tourisme, il y a deux branches : celle de la promotion de la destination Burkina et l’autre promotion du tourisme interne.
Lire aussi: Des jeunes burkinabè sous le charme de leur pays
Surtout avec les nouvelles autorités, on a une forte dynamique qui est d’également fonder le développement sur les valeurs endogènes. En plus, quand vous voyez les statistiques, vous vous rendez compte qu’à un moment de suite, pandémie de la COVID, il y avait presque un arrêt du tourisme.
Les visiteurs internationaux ne venaient plus. En plus de cela, à cause de la crise sécuritaire, certains ont peint notre destination en rouge et dissuadé leurs ressortissants de visiter le Burkina Faso.
Donc, pour remédier à tout cela, on a demandé aux citoyens de visiter leur pays. D’ailleurs, le 13 juillet dernier, il y a eu la cérémonie du lancement officiel de la grande saison du tourisme interne. Chaque année, de la période du 1er août au 30 septembre, correspondant aux vacances, on encourage la population, surtout la frange jeune à découvrir le patrimoine national. Si les jeunes ont le goût de la pratique du tourisme, la relève est assurée.
Qu’est-ce que le Burkina a de plus beau à offrir en termes de tourisme ?
Dans chaque région, il y a des sites majeurs. Par exemple dans le Centre, nous avons le monument des héros nationaux, le Mémorial de Thomas Sankara, le monument des martyrs, le Centre national de formation en artisanat, le village artisanal.
Toujours dans la région du Centre, nous avons la mare aux crocodiles sacrés de Bazoulé, le musée de la bendrologie de Manéga. Sans oublier le site de granit de Laongo, affectueusement appelé musée à ciel ouvert.
Dans la région touristique de l’Ouest par exemple, il y a les Cascades de Karfiguéla, la grande mosquée de Dioulassoba, les pics de Sindou…
« 66 établissements d’hébergement touristique ont consenti une réduction »
Parlez nous de cette initiative de réduction des frais d’hébergement dans les établissements hôteliers pour encourager les Burkinabè au tourisme interne…
Ce sont les résultats d’une négociation avec leur faitière qui lance un appel aux différents membres. Et il y en a qui adhèrent à l’idée. Ce sont ces établissements qui figurent sur la liste actuelle. J’ai pu dénombrer environ 66 établissements d’hébergement touristique, qui ont consenti à cette réduction. Mais il me semble que d’autres établissements pourront s’ajouter parce que toutes les directions n’ont pas encore envoyé les listes.
Cette liste peut donc connaître une évolution. C’est l’occasion d’inviter les Burkinabè à saisir cette opportunité pour découvrir leur patrimoine et pouvoir aussi être hébergé à des prix relativement moins chers.
Y-a-t-il d’autres actions pour encourager le public à visiter les différents sites ?
Au niveau de l’ONTB, il y a certaines actions de promotion qui sont entreprises pour développer le tourisme interne. Nous avons des séjours vacances à destination de l’Ouest. Des séjours aussi bien pour les enfants que les adultes. Ce sont des occasions pour que le Bukinabè puisse découvrir les sites intérêts touristiques du Grand Ouest.
Nous avons également un concept particulier, c’est le concept week-end tourisme. Nous offrons à des groupes constitués, des mutuelles, des familles, etc. Une occasion de découvrir certains sites. Le concept est dans toutes les provinces, si la demande se fait sentir, quelle que soit la zone, nous intervenons pour organiser.
Insécurité et tourisme
A quel point la crise sécuritaire a impacté le secteur du tourisme ?
Certaines régions sont difficilement accessibles. Mais c’est comme le ministre en charge de la Culture le dit très souvent, nous les Burkinabè, nous sommes un peuple qui ne courbe jamais l’échine face à l’adversité. Et c’est pourquoi, malgré le contexte, vous allez voir les Burkinabè prendre d’assaut les sites. Nous sommes régulièrement sollicités par des particuliers, des associations qui veulent visiter le pays à certains endroits.
Donc nous choisissons aussi les destinations où la sécurité des touristes est assurée. Si vous regardez les chiffres, vous verrez que le tourisme se porte quand même bien. L’Observatoire National du Tourisme produit annuellement des statistiques. Vous pouvez voir les différents flux touristiques au Burkina Faso, que ce soit au niveau du tourisme récepteur qu’interne. Donc, au niveau du tourisme interne, par exemple, le tableau de bord nous donne, par exemple, pour 2022, 414 766 arrivées touristiques.
Cela représentait une hausse de 0.3% par rapport à 2021. Au niveau du tourisme récepteur, le Burkina Faso a accueilli 115.904 touristes, soit une hausse aussi de 9.1% par rapport à 2021 également. Donc, on a 530.670 touristes qui ont visité le Burkina Faso, soit une hausse de 2.1% par rapport à 2021. Ces arrivées globales ont généré un chiffre d’affaires de 14 956 000 000 de F CFA.
Il y a de la vision. Les autorités sont en train d’impulser une nouvelle vision. Je crois que progressivement, les moyens viendront s’ajouter. Et nous allons faire de notre pays, une destination à ne pas manquer.
Interview réalisée par Tiga Cheick Sawadogo