A Dassa, dans la province du Sanguié, la vie reprend son cours normal après le retour progressif des habitants. Les populations de cette commune s’étaient réfugiées à Réo et Koudougou après plusieurs attaques des groupes armés.
Tout comme Thérèse Nébié affairée à la confection d’une tenue dans son atelier de couture, la commune rurale de Dassa se tisse une nouvelle vie. Les stigmates de la dizaine d’attaques de groupes armés non identifiés perpétrées entre décembre 2022 et mars 2023 sont encore visibles.
Ces assauts avaient poussé les sept villages de la commune à se vider de leurs habitants soit plus 22 000 personnes selon le dernier recensement de la population. Depuis avril 2023, ces déplacés ont amorcé le retour sur leurs terres, au grand bonheur de la couturière.
« Au début, il y avait des difficultés mais maintenant, ça va ». Comme les gens étaient revenus, peut-être qu’il n’y avait pas d’argent pour coudre les habits. Comme on a duré et qu’il y a la santé maintenant », explique la jeune fille qui confie surtout son destin à Dieu.
Des inquiétudes quand même
Thérèse et les autres habitants de Dassa sont rassurés depuis l’installation d’un détachement militaire qui veille au grain. Comme une forteresse, l’accès à la commune est protégé par une barrière et une sentinelle. Au centre-ville, l’activité économique tourne à plein régime sous la surveillance par moment, de soldats, armes aux points.
« Vraiment, l’inquiétude est toujours là, mais on ne fait que remercier Dieu parce qu’on est sur place. Tous les villages de Dassa ne sont pas encore reconquis mais la majeure partie l’a été », avoue le président du Conseil communal de la jeunesse de Dassa, Dramane Foban.
Sur les sept villages déguerpis par les groupes armés, six sont réinstallés selon nos informations. En symbole, le drapeau du Burkina Faso, bien en évidence, flottant sur un mat au centre de la mairie. A l’intérieur du bâtiment central, les autorités locales réfléchissent à des projets de développement.
Faire vivre Dassa
« Comme la mairie n’était pas surplace, il faut recommencer tout à zéro. On avait perdu tous nos partenaires avec l’insécurité. Vous voyez, les partenaires, ils disent que l’insécurité les empêchent aussi… Mais on a un partenaire qui est toujours resté fidèle à nous. Et on a d’autres partenaires qui sont en cours », indique le premier vice-président de la délégation spéciale, Abdoulaye Bayili.
Sauf que chez le chef de terre, des inquiétudes demeurent sur la situation à Martchô, le dernier village encore déguerpis. Les habitants de cette localité sont en attente de solution de retour. Réfugiés à Dassa, ils ont quitté leurs terres depuis les premières attaques terroristes dans la zone au regard de la proximité du village avec la forêt.
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Entouré de ses notables, le patriarche Michel Bazié craint également une autre détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans les environs. Avant les villageois s’approvisionnaient en vivres et bétail dans les villages environnants. Les populations de ces zones se sont aujourd’hui déplacés. «Mais présentement, c’est dans ces villages qu’ils sont en train de chasser les gens donc c’est cultiver qui est le plus difficile. Personne n’arrive pas à aller au champ parce que c’est là-bas la forêt », regrette néanmoins Michel Bazié.
Au-delà de Martchô, des villages comme Farba, Dô et Djivélé sont également menacés par les groupes armés ces dernières semaines. Il y a quelques jours d’ailleurs, des hommes armés ont assassiné deux personnes dans un village voisins avant d’emporter leurs animaux. A Dassa, les populations appellent à l’aide. Elles souhaitent le renforcement de la présence militaire et l’installation d’un commissariat de Police ou une brigade de Gendarmerie.
Martin Kaba
Adaptation web Boukari Ouédraogo