Noélie Ouédraogo : L’art de transformer une situation de déplacée en occasion de formation

Noélie Ouédraogo : L’art de transformer une situation de déplacée en occasion de formation

Veuve et mère de deux enfants, Noélie Ouédraogo est une figure inspirante dans la production d’oignons dans la commune rurale de Zogoré dans le Yatenga. Loin de sa base du fait de la situation sécuritaire, elle en a profité pour se former. Actuellement, elle s’apprête à y repartir mieux outillée, car détenant un document légal d’exploitation de terrain pour sa production agricole. Elle a su tourner en sa faveur une situation compliquée.

Noélie, un destin arraché à la production d’oignon qui a mijoté dans le commerce de condiments sur sa terre d’accueil. Faute de mieux-être ! Jadis prise en exemple comme une femme battante, la mère de deux enfants a été contrainte par la situation sécuritaire à fuir Zogoré pour Ouahigouya. Alors productrice d’oignon, la veuve depuis trois ans, mène désormais de petites activités dont la vente de condiments. Non sans nourrir le secret espoir de retourner un jour à Zogoré.  

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Partagée entre ses activités rémunératrices de revenus et sa nouvelle vie de déplacée interne, Noélie a su rallumer la flamme de l’espoir. En effet, tout semble bien parti pour que Noélie devienne une grande productrice d’oignon et cela sur ses propres terres. Pour ce faire, en plus de son niveau de la classe de 4e, les bagages se sont alourdis avec des séances de formations et de sensibilisation sur le foncier rural par l’entremise de la Commission Justice et Paix (CJP).

Suite à cela, animée par l’espoir de posséder sa propre terre, Noélie entame des démarches pour acquérir un terrain d’exploitation à Zogoré avec un producteur d’oignon. A l’en croire, la procédure suit les voies légales avec la présence de l’autorité comme témoin lors de la signature des documents. Au propriétaire terrien, Noélie devra verser la somme de 20 000F CFA par an comme frais d’occupation.

Bientôt, la bonne moisson

Fin prête, Noélie s’apprête à retourner à Zogoré pour reprendre ses activités de productrice d’oignon. Munie d’autorisation d’exploiter la terre même si elle ne lui appartient véritablement, la veuve a espoir.  « C’est en ville que les gens sont trop malhonnêtes. Ils vendent souvent le même terrain à plus d’une personne. Au village, ils sont très honnêtes, ce qu’ils disent ils le font sans même qu’il n’y ait un papier qui le prouve. La parole du propriétaire suffit pour mettre en confiance », dit-elle avec assurance.

Un long moment loin des champs d’oignons, mais l’engouement de Noélie pour ses productions semble demeurer inébranlable. Et malgré la situation sécuritaire, elle espère que la moisson sera bonne.  « Les gens commencent à regagner Zogoré, la situation sécuritaire s’améliore. Je compte y retourner également », indique-t-elle.

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Avec les formations et les idées innovantes dans la production d’oignon, Noélie compte mettre une équipe en place pour renforcer la main-d’œuvre. Celle-ci pourra suivre au quotidien l’évolution des cultures même lorsqu’elle serait en déplacement.

Les défis restent toutefois énormes notamment ceux liés à la cherté des intrants et la gestion des animaux qui peuvent détruire les cultures. « J’ai véritablement espoir. Et nous devons rester résilients. Avec les initiatives communautaires et le retour progressif des populations dans leur zone, je reste convaincue que les accompagnements ne vont pas manquer », espère-t-elle.

Grâce au projet FasoVeil

D’autres femmes comme Noélie ont aussi bénéficié des sensibilisations sur le foncier grâce à la CJP à travers le projet Faso Veil. Elles sont cependant confrontées aux difficultés d’avoir des terres au regard de leur situation de déplacée interne. Leur espoir : retourner dans leur zone ou l’acquisition peut être facilitée comme celle de Noélie. 

« Grâce au projet FasoVeil, les femmes ont été éveillées et sensibilisées dans le domaine du foncier. Cela leur a permis de travailler et d’avoir leur attestation pour mieux exploiter leur lopin de terre qu’elles avaient mais dont elles n’étaient pas propriétaires. Aujourd’hui elles peuvent jouir d’un document qui leur permet d’avoir un terrain pour leur exploitation agricole et autres », témoigne la parajuriste et point focal du CJP, Pinguedeba Ganamé/Ouédraogo.

Studio Yafa avec MoussoNews