Burkina-Mali-Niger : des solutions depuis Maradi pour faire face aux cycles d’inondations 

Burkina-Mali-Niger : des solutions depuis Maradi pour faire face aux cycles d’inondations 

Cette année encore, des centaines de morts et des dégâts matériels au Mali, au Burkina et au Niger à cause des inondations. Pourquoi ces crises récurrentes ces dernières années et quelles solutions pérennes pour sortir la tête de l’eau ? La question était en débat à Maradi, plus de 600 km de Niamey. La ville est justement restée plusieurs jours coupée de la capitale à cause de la furie des eaux.

Le Sahel est inondé. A l’entame du débat, le Colonel Dan Fatchima, Directeur régional de l’environnement pointe du doigt le changement climatique, la déforestation, l’ensablement des cours d’eau, l’installation des populations sur les lits des eaux et la perte de la biodiversité. Ces dernières années, chaque saison des pluies est une hantise pour les populations du Mali, du Burkina et du Niger.

Les panélistes ont proposé des solutions pour faire face aux inondations, Maradi le 24 août 2024, Studio Yafa

« Malheureusement, ce n’est pas fini. En tant que scientifique, nos données montrent que ces inondations vont s’accentuer et seront plus intenses et plus agressives », alerte pourtant Dr Bill Hassanou enseignant chercheur à l’Université de Maradi. Il ajoute que le régime pluviométrique des pays du Sahel a changé et qu’il faut s’adapter.

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Une prédiction que confirme Dr Souley Moussa enseignant chercheur à l’Université de Maradi. Il regrette que les alertes des scientifiques ne soient pas prises en compte par les pouvoirs publics. « On a un problème de gestion. C’est quand les inondations surviennent qu’on se mobilise », maugrée l’invité. Pour lui, les averses ne doivent pas être synonymes de catastrophe. Les trois pays doivent plutôt en faire une opportunité et respecter le chemin d’aménagement urbain. Et en la matière, l’enseignant dresse le constat de l’attentisme des gouvernants qui laissent les populations s’installer dans les zones inondables.

Le Colonel Dan Fatchima lui ne semble pas d’accord qu’on impute toute la responsabilité aux pouvoirs publics. Il dit constater que malgré les interdictions, les populations continuent de « construire n’importe où ».

Le public a saisi l’occasion pour poser des questions, Maradi le 24 août 2024, Studio Yafa

Maman Bachir, Directeur régional de l’action humanitaire et de gestion des catastrophes reconnaît un fait. Toutes les mesures prises jusque-là par les trois pays du Sahel pour contenir les dégâts d’eaux sont « inadaptées ». Tout comme les ouvrages de « drainage d’eau sont insuffisants ». Dr Bill Hassanou acquiesce en proposant le redimensionnement des caniveaux dans les grands centres urbains. Pendant ce temps, Dr Souley Moussa milite pour la mise à jour des systèmes d’aménagement urbains pour les rendre sensibles au climat.

Faire face en s’adaptant

Pertes en vies humaines, perte du cheptel, dégâts de champs avec des récoltes compromises… le Colonel Dan Fatchima, cite les conséquences des inondations à la pelle. «(…) On a perdu deux girafes, mortes noyées. Depuis 40 ans, on n’a pas connu ça », soupire-t-il. L’homme de tenue propose de ce fait la gestion rationnelle des terres, la restauration des espaces dégrader pour faciliter l’infiltration des eaux. Avant tout, il faut désensabler des cours d’eau, insiste l’invité.

Les deux principaux animateurs du débat, Marina Traoré et Sékou Gadjigo, Maradi le 24 août 2024, Studio Yafa

Pour Le Directeur régional de l’action humanitaire et de gestion des catastrophes, Maman Bachir, les trois pays doivent avoir un meilleur aménagement du territoire. Ils doivent également mettre en place un système d’alerte précoce. Cela est certes important, mais Dr Bill Asanou campe sur la responsabilité des gouvernants. Ces derniers doivent veiller à ce que les populations n’occupent pas des zones potentiellement inondables.

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Le mode de production doit aussi changer dans les trois pays du Sahel dont les populations vivent pour la plupart de l’agriculture, note pour sa part Dr Souley Moussa. L’enseignant chercheur prône une agriculture intelligente, sensible au climat. Aussi, il soutient que l’ambitieux programme de la grande muraille verte qu’il qualifie de bonne réponse climatique se concrétise enfin.

C’est un débat interactif qui s’est tenu à la mairie de Maradi. Il a été animé par Sékou Gadjigo de Studio Tamani , Marina Traoré de Studio Yafa et Moctar Hamadou de Studio Kalangou qui dans le public, a organisé la prise de parole.

L’intégralité du débat est à suivre demain 14 septembre 2024 sur l’ensemble des radios partenaire de Studio Yafa.

Tiga Cheick Sawadogo