Burkina Faso: la réalité de l’enseignement de l’anglais dans certains établissements de Ouagadougou
Un enseignant d'anglais dans un établissement privé de Ouagadougou, le 10 octobre 2024. Photo: Studio Yafa.

Burkina Faso: la réalité de l’enseignement de l’anglais dans certains établissements de Ouagadougou

Au Burkina Faso, le gouvernement a décidé de l’introduction des cours d’anglais à partir de la classe de CE1. Plusieurs écoles primaires ont déjà inclus la matière dans leur cursus pour permettre aux élèves de mieux s’adapter, une fois arrivés au lycée. L’enseignement est assuré généralement par des enseignants d’anglais à partir de méthode ludiques.

Quartier Patte d’Oie de Ouagadougou. En franchissant la porte de l’École bilingue Saint Joseph de Cupertino, les murs des classes et des couloirs ornés de dessins d’animaux et de fruits soigneusement annotés en anglais, indiquent que l’on est dans une école différente des autres.

Nathalie Ilboudo dans une classe de CE2 enseignant un cours d’anglais. Photo: Studio Yafa

Dans une classe de CE2, Nathalie Ilboudo, une jeune enseignante, révise les notions de base de l’Anglais. « What are the seven days of the week », lance-t-elle d’une voix douce, demandant ainsi aux élèves de réciter les sept jours de la semaine. Chaque élève interrogé se lève puis récite sans hésitation. « Very good, very good », félicite Nathalie à chaque fois.

Donner plus de chances aux enfants

Cet établissement a décidé depuis sa création d’enseigner à la fois en Français et en Anglais. L’objectif est d’offrir plus d’ouverture aux enfants. « L’anglais est une langue vraiment importante. Nous commençons dès la maternelle parce que l’enfant apprend facilement », explique-t-elle. Une fois arrivé à l’école primaire, il est encore plus facile d’enseigner l’anglais aux enfants.

Nathalie Ilboudo, enseignante d’anglais dans une école primaire de privée de Ouagadougou. Photo: Studio Yafa.

Etant dans un pays francophone, Nathalie utilise une approche ludique pour faciliter l’apprentissage. « C’est primordial d’intégrer le jeu. Les enfants apprennent plus facilement en jouant. Dès que je dis « clap your hands », les enfants se mettent à danser et à taper dans leurs mains », raconte-t-elle toute joyeuse.

Cependant, il lui est souvent difficile de maintenir l’attention des enfants durant tout le cours. « Mais ce n’est pas une difficulté en tant que telle », nuance-t-elle. La jeune enseignante est convaincue que l’anglais est désormais incontournable. « De nos jours, en voulant voyager, si tu ne comprends pas l’anglais, c’est difficile », avoue-t-elle.

Une affaire du privée

Les enfants semblent bien apprécier l’anglais, comme Eden Koffi : « J’aime l’anglais. J’apprends beaucoup de choses », dit-il tout timide. C’est aussi le cas de Farid Rayan : « J’aime l’anglais parce que lorsqu’on voudra partir en voyage, ça va nous servir ».

L’école bilingue Saint Joseph de Cupertino n’est pas la seule à avoir pris les devants. Dans plusieurs écoles primaires de Ouagadougou, l’anglais fait désormais partie intégrante du cursus. Abdoul Rachid Dianda, enseignant d’anglais à l’Académie bilingue Les Étoiles, située au quartier Nagrin, constate lui aussi l’engouement des enfants pour cette langue. Chaque jeudi et vendredi, il anime ses cours avec des chansons et des jeux.

Abdoul Rachid Dianda, dispensait un cours de calcul en anglais dans un établissement à Ouagadougou. Photo: Studio Yafa.

Ce jeudi soir Dianda donne un cours de calcul en anglais. Quand il interroge un élève, ce dernier se lève et répond d’une voix forte et surtout avec un accent anglophone remarquable. La méthode de Dianda est également basée sur le jeu et le livre « My primary English book » lui sert de guide. Comme Nathalie, Dianda estime que l’enseignement de l’anglais dès l’école primaire permet aux enfants d’apprendre plus efficacement.

Plus d’ouverture sur le monde

Cet enseignant qui dispense également des cours dans les établissements secondaires constate une différence de niveau. « Au lycée, lorsque l’enfant n’a pas de bases, c’est compliqué », regrette-t-il. Au primaire, les cours sont pratiques, comme cet exemple de cours de calcul dispensé en anglais. Ce n’est pas le cas au secondaire, fait-il remarquer.

Soumaïla Sana, directeur d’une école privée bilingue à Ouagadougou. Photo: Studio Yafa.

Quand on évoque les difficultés, Dianda les néglige presque : « C’est le début qui est parfois difficile, sinon les enfants comprennent vite. Même après les vacances, on constate qu’ils n’ont pas oublié », assure-t-il.

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Le gouvernement a décidé d’introduire l’enseignement de l’anglais à l’école primaire à partir du CE1. Soumaïla Sana, le directeur de l’Académie bilingue Les Étoiles, en est fier : « Quand on prend l’exemple des commerçants qui vont en Asie, souvent ils ne comprennent pas le français, mais ils parlent l’anglais parce que c’est incontournable dans leur affaire ».

C’est cet exemple qui a motivé la création de l’école bilingue. Pour ces enseignants, l’introduction de l’anglais à partir de la classe de CE1 au Burkina Faso est une bonne initiative, à condition que les moyens soient réunis. A ce sujet, le gouvernement prévoit une session de formation pour les différents enseignants.

Boukari Ouédraogo