Le Centre de Gouvernance Démocratique (CGD) reste engagé pour les réflexions de réformes consolidantes pour le Burkina Faso. Comme à son habitude et dans le cadre du projet Faso Veil, des séances de dialogues citoyens sont organisées dans les 13 régions du pays. L’idée est de recueillir et traiter les préoccupations des citoyens.
Août 2024. Une quinzaine de jeunes filles sont réunies dans la salle de réunion du Centre de Gouvernance démocratique (CGD) pour une formation. Le thème porte sur les concepts de la Démocratie. L’objectif à l’issue de la formation est de mettre en place un groupe de filles dénommé – amazones de la démocratie-.
Elles auront pour tâche d’organiser ou de participer à des dialogues citoyens dans les régions du Burkina. En effet, à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Banfora, en passant par Dédougou et Koudougou, le Centre de Gouvernance Démocratique marque régulièrement sa présence pour s’entretenir avec les populations.
Dans le cadre du projet Faso Veil, des dialogues citoyens sont organisés. L’idée est de recueillir les préoccupations et suggestions des populations pour une meilleure gestion dans la gouvernance.
Quelles réformes consolidantes dans ce contexte d’insécurité ?
L’accession au pouvoir est l’une des premières réformes que les participants posent comme débat lors de ces rendez-vous. « Tout ce qu’on a vécu, que ce soit les coups d’État ou les élections, c’est parce que nos modes d’accession au pouvoir ne sont pas très bien sécurisés. Aussi, les gens remettent en cause les votes », explique Simon Douamba, chargé de projet au CGD.
Il faut donc, poursuit-il, revoir ce qui est reproché au vote démocratique. La corruption électorale, l’absence de programmes, le manque de volonté d’éduquer les populations sont entre autres griefs formulés.
La cherté des élections est aussi un des points d’échanges des dialogues citoyens. Pour le CGD, il faut simplement synchroniser des bases de l’ONI (Office national d’identification) et de la CENI (Commission électorale nationale indépendante). Cela permettra de réduire les coûts d’organisation des élections.
Et pour porter haut, ces réformes et recommandations, le CGD a entamé des plaidoyers auprès des autorités. « Nous essayons aussi de participer aux cadres de rencontres ou l’on parle de réformes et nous sommes parfois invités pour partager l’expérience de l’institution », commente Simon Douamba.
Une volonté d’inclusion entravée par l’insécurité
Le CGD aurait bien voulu sillonner l’ensemble des 13 régions du pays pour écouter les populations et prendre en compte leurs préoccupations. Dans une démarche inclusive. Mais l’accès à certaines localités telles que le Sahel et une partie de l’Est est difficile en raison de la situation sécuritaire.
« On reste fréquemment dans les villes, mais notre objectif est d’aller vers les populations qui sont dans des localités éloignées. Malheureusement la situation liée au terrorisme a fait que nous n’arrivons pas à aller vers le Sahel et l’Est », déplore Simon.
Comme solution alternative, le centre passe par des radios afin de créer des cadres de dialogue et d’échanges. L’engouement y est. « Nous atteignons toujours autour de 92% des objectifs en termes de mobilisations », rassure le chargé de projet au CGD.
La démocratie, un mot rejeté
A la séance de formation avec les amazones de la démocratie, le débat a été houleux autour du mot démocratie. Simon Douamba de trancher : « Il y a un bon écho de la démocratie, mais c’est le mot démocratie qui est rejeté ». Quelle est la différence entre l’homme et son nom ? demande une participante. Il faut plutôt aller vers les principes de la démocratie pour la désagréger.
« Les gens veulent vivre dans un État de liberté ou ils ont la possibilité de choisir leur dirigeant. Mais c’est la pratique et les acteurs démocratiques que les gens rejettent. La plupart du temps, les gens limitent la démocratie aux élections », explique-t-il Simon Douamba, qui propose par ailleurs un véritable travail de conscientisation sur la conceptualisation, l’adaptation de la démocratie aux valeurs traditionnelle et démocratique. Il dit être convaincu que : « Même nos sociétés traditionnelles sont démocratiques ».
StudioYafa /MoussoNews