A cette 17e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), les réfugiés maliens au Burkina montrent leur savoir-faire. Deux groupes répartis en deux stands, ils présentent leurs meilleurs produits issus de la maroquinerie, la bijouterie et des objets issus de la forge. Il s’agit, selon eux, de prouver que le réfugié n’est pas seulement celui qui tend la main pour demander assistance dans leur situation de déplacement forcé.
Au pavillon Kilimandjaro, l’affluence est morose en cette matinée du 28 octobre 2024. Assouna Cissé et ses camarades en profitent pour mettre de l’ordre dans leur stand. Pendant ce temps, d’autres hèlent les rares visiteurs qui passent. Des bracelets en cuir, des boîtes à bijoux, des porte-clés, des sacs, des pagnes tissés, des saari, du savon sont bien disposés pour attirer l’attention des visiteurs.
Présidente des femmes réfugiées, Assouna Cissé indique que le Salon international de l’artisanat de Ouagadougou était très attendu des femmes réfugiées. « C’est nous-mêmes qui confectionnons ces produits. Nous étions impatientes que le SIAO même commence. Toutes les femmes se sont mises à ta tâche pour produire ces produits de qualité », lance-t-elle, l’air enthousiaste. Même si elle reconnaît que le marché est morose en ce premier jour de la semaine, l’exposante espère que le public se déplace pour venir voir ce dont sont capables les réfugiés.
« Même dans notre situation, nous ne baissons pas les bras. Nous sommes des artisans avant d’être des réfugiés et nous invitons les gens à venir acheter nos produits ; qu’ils nous encouragent en payant », poursuit-elle.
L’art touareg en exposition
Le stand de Assouna Cissé n’est pas le seul des réfugiés. Les hommes aussi animent un autre dans le même pavillon. Ag Mohamed Aboubacrine, réfugié malien, n’est pas à sa première participation du SIAO. Celui qui se présente comme artisan de naissance propose, avec ses camarades, des produits de la maroquinerie et de la forge.
« Nous présentons les fruits de notre savoir-faire. Des œuvres d’art touareg qui sont aussi notre culture de naissance », dit-il en précisant que le stand regroupe les produits de plusieurs réfugiés, même ceux qui ne sont pas physiquement présents. Selon lui, en marquant leur présence au SIAO, les réfugiés veulent faire passer un message au grand public, en dehors des affaires.
« Le réfugié ce n’est pas seulement celui qui tend la main. Certains ont un savoir-faire avant même d’être réfugiés. C’est ce savoir-faire que nous emportons avec nous, partout où on va », clame l’exposant en ajoutant qu’en achetant des produits proposés, « on contribue à nourrir sa famille », dans la dignité.
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Le SIAO, une vitrine de vente, mais pas seulement. Mohamed Cissé explique que le plus important, c’est de se faire connaître et avoir de bons contacts. « Ce n’est pas que pour chercher de l’argent en même temps. On cherche aussi des partenaires. De sorte que si on sort d’ici, on peut travailler ensemble après. On a des stands au village artisanal où on travaille chaque jour », relève le réfugié.
Assis ensemble, les réfugiés exposants discutent dans une bonne ambiance loin de toute différence. Une leçon de cohésion sociale qu’apprécie particulièrement Mohamed Cissé. « C’est la famille, la cohésion sociale. Tout se fait ici en famille, dans un esprit de famille. Il n’y a pas de différence chez nous. On s’aide et ça avance », se réjouit-il. Dans le stand des femmes, entre-temps, une cliente marque un arrêt. Elle est attirée par un produit. Après avoir discuté le prix, elle en prend deux pièces.
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Salomé Tiemtoré, l’acheteuse, dit être séduite par la qualité des produits proposés par les réfugiés. Aussi bien par les femmes que les hommes.
« J’ai acheté des plateaux pour mettre mes bijoux. Je les encourage. Ils ne doivent pas être découragés par leurs conditions. Qu’ils continuent. Vraiment bravo à eux pour la qualité de leurs œuvres », s’émerveille la dame. Elle continue en expliquant que le fait d’être à ce rendez-vous de l’artisanat africain est un message de résilience pour ces personnes qui sont loin de leur mère patrie. En plus, la visiteuse dit avoir apprécié la cordialité et la convivialité dont font montre les exposants réfugiés quand un potentiel client se présente.
« Ils sont contents qu’on voit ce qu’ils savent faire, même quand on ne paye pas ». Les deux stands des réfugiés ont été financés par le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) pour qui, lorsque les réfugiés fuient, ils emportent avec eux, des traditions, des compétences, et un savoir-faire artisanal.
Tiga Cheick Sawadogo