Le Tour du Faso attire chaque année des foules passionnées à travers le Burkina Faso. Un moment de communion nationale et une occasion de dynamiser le commerce local. Cette année, dans les villes de Banfora, Bobo-Dioulasso et Pâ, le passage des cyclistes a offert des journées riches en couleurs, où l’enthousiasme des habitants s’est mêlé à la prospérité des petits commerces.
Au secteur 1 de Banfora, dès 10 heures, une foule enthousiaste commence à se rassembler. Elle est impatiente de voir l’arrivée des coureurs du Tour du Faso. Les trottoirs se remplissent d’élèves en uniformes, de travailleurs, et de commerçants avides de profiter de cette journée exceptionnelle. L’atmosphère est joyeuse, embaumée par les sourires. Visiblement, personne ne veut se faire compter l’un des événements sportifs les plus populaires du continent.
Non loin de la piste d’arrivée, Aminata Sermé, vendeuse de bananes, tire profit de l’affluence. Son étal, improvisé sur une planche en bois posée au sol, attire les passants. « L’année dernière, le Tour n’est pas passé ici, alors cette année, quand on a appris qu’il passerait par Banfora, cela nous a rendus heureux », confie-t-elle avec un large sourire. Ses ventes dépassent ses espérances, et elle en témoigne avec un humour typiquement local : « Si je dis que ça ne marche pas, je mens wallay ! », dit-elle en servant une cliente visiblement pressée.
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Sous un petit hangar, Sarah Ouédraogo, une autre commerçante, s’active à préparer des sandwichs pour tous les goûts : viande hachée, poisson pilé, omelette ou crudités. Forces de l’ordre, journalistes, visiteurs étrangers et habitants de Banfora viennent savourer ses préparations. « Nous, on ne connaît pas grand-chose au vélo, mais la venue des étrangers nous fait plaisir », sourit-elle, occupée à répondre aux commandes. Elle a augmenté ses stocks pour l’occasion, mais même ainsi, ses produits s’épuisent rapidement, preuve de l’enthousiasme autour de l’évènement.
À Bobo-Dioulasso, la fierté nationale en jeu
Le lendemain, à Bobo-Dioulasso, la mobilisation est tout aussi impressionnante. Dès 8 heures, le grand boulevard de la ville est fermé à la circulation, engendrant un embouteillage monstrueux. La foule se presse sur des kilomètres le long de la route principale, chacun espérant apercevoir le peloton et, surtout, encourager les cyclistes burkinabè. L’ambiance est électrique. Certains habitants de Bobo-Dioulasso ont apporté des tambours pour accompagner les coureurs. Pendant ce temps, d’autres, en véritables supporters, scandent des slogans et agitent des drapeaux.
Assis sur le trottoir, Idrissa, un étudiant de 24 ans, raconte que le Tour du Faso est pour lui un moment de fierté nationale. « C’est une occasion rare de voir nos sportifs en action et de leur montrer notre soutien. On espère qu’un Burkinabè remportera une étape cette année ». L’attente est récompensée : un cycliste burkinabè remporte l’étape de Bobo-Dioulasso. Les cris de joie, les applaudissements et les ovations remplissent l’air. Le bonheur est collectif.
À Pâ, un jeune vendeur de coco en profite
À l’étape suivante, la petite ville de Pâ se transforme à son tour pour accueillir la course. La foule, composée d’enfants, d’adultes et de personnes âgées, se masse le long de la route, espérant voir les coureurs de près. Quelques podiums occasionnels sont installés à proximité du point d’arrivée. Ils offrent des animations musicales et organisent des jeux pour faire patienter les spectateurs.
Parmi les nombreux vendeurs présents, il y a Karim Ouattara, un jeune de 16 ans. Il vend des noix de coco. Avec son chariot en bois et son sourire accueillant, il attire les passants assoiffés.
« Aujourd’hui, j’ai beaucoup de clients. Ils viennent boire du coco en attendant les cyclistes », explique-t-il avec enthousiasme. « C’est une belle opportunité pour moi, car normalement, je ne vends pas autant. Grâce au Tour, je peux gagner un peu plus d’argent », ajoute-t-il.
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Un peu plus loin de lui, Assita Diallo, une restauratrice, est aussi à l’œuvre. Sous une tente, son petit restaurant accueille les gens venus déjeuner en attendant le passage des coureurs. « Aujourd’hui, c’est la fête pour nous. Les gens mangent, discutent et rient ensemble. C’est rare de voir autant de monde ici à Pâ », raconte-t-elle, toute ravie de voir son commerce prospérer le temps d’une journée.
Quand les cyclistes arrivent enfin, ils sont accueillis par une ovation. Les spectateurs encouragent les cyclistes Burkinabè même si la victoire n’est pas au rendez-vous cette fois ci.
Le Tour du Faso est bien plus qu’une simple course cycliste. C’est un événement fédérateur, un moment où chaque ville et chaque village traversé se mobilise pour accueillir les coureurs et les délégations qui les accompagnent. Pour les commerçants locaux, le passage du Tour représente une opportunité rare de fructifier leur business.
Lagoun Ismaela Drabo(collaborateur)