A Kombissiri, dans la province du Bazèga, l’Association club cycliste Nongtaaba permet à des jeunes de se former et de nourrir leur rêve de participer un jour au Tour du Faso. Cependant, le manque de matériels et d’équipement est un frein à leur rêve.
Kombissiri, sur la ligne de départ de la 9e étape du Tour du Faso 2024, un groupe de jeunes cyclistes, portant des casques parfois bricolés, les mains sur les guidons de leurs vélos de course aux pneus usés, observent. Des concurrents au Tour du Faso avec des équipements beaucoup plus sophistiqués procèdent aux échauffements avant de prendre le départ de Kaya, sur une distance de 141,3km.
Certains de ces jeunes tiennent des pancartes indiquant leurs communes d’origine. Ils sont tous de l’école de cyclisme du Bazèga. Pour ces jeunes aspirants cyclistes, c’est l’occasion trouvée de se faire connaître et aussi de découvrir un aperçu de ce qu’ils espèrent vivre un jour en tant que cyclistes.
Ces jeunes pensionnaires de l’Association club cycliste Nongtaaba de Kombissiri, fondées en 2003 par Moumouni Ouédraogo ont un âge compris entre 14 et 17 ans. Le club est fondé par l’ancien cycliste Moumouni Ouédraogo. Tous admiratifs, ils semblent s’imaginer étant à leur place, un jour sur les routes du Tour du Faso. Mais pour le moment, Il y a encore du chemin à parcourir. Les pensionnaires du club cycliste devront patienter encore quelques années avant de faire leurs preuves.
Partager la passion du cyclisme
Moumouni Ouédraogo, initiateur de cette école de cyclisme dans la province du Bazèga, a pris la décision de transmettre sa passion aux plus jeunes à la fin de sa carrière. « J’ai pratiqué le cyclisme et je veux que les jeunes reprennent ma place », explique-t-il tout ému.
Avec d’autres passionnés du cyclisme, il a mis en place en 2003 un comité de gestion pour structurer et développer le club. « Ensemble, nous avons décidé de nous préparer dans la relève parce que nous étions devenus vieux. Nous avons mis en place un comité pour créer le club », explique Moumouni. Il commence d’abord par convaincre les jeunes de son quartier à Kombissiri de faire partie de l’aventure. Dans cette province, presque chaque famille possède un vélo. Il n’a donc pas eu de la peine à recruter des passionnés.
Aujourd’hui, le club regroupe 25 jeunes coureurs, dont dix filles. Bien que le cyclisme féminin ne soit pas encore très développé dans la région, Moumouni constate avec satisfaction l’engagement et la ténacité de ses jeunes athlètes. « Les filles sont très engagées. Il n’y a aucun problème avec les parents parce qu’ils savent qu’ils sont occupés avec nous », précise-t-il.
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Le club bénéficie du soutien des autorités locales et de la direction provinciale des sports du Bazèga. L’équipe a déjà participé aux Jeux de la Relève Sportive organisés par le ministère en charge des Sports, où plusieurs coureurs, comme Martin Compaoré, un élève de quatrième, se sont distingués. « On pédale tous le vélo ici. J’aimais déjà voir le cyclisme c’est pour cela que je me suis inscrit pour un jour participer au Tour du Faso », dit-il, les yeux pétillants d’espoir.
A ses côtés, Noufou, un autre adolescent se rappelle aussi ses premiers coups de pédale en tant que pensionnaire du centre. « C’est difficile parce qu’on ne faisait pas la différence entre rouler à vélo et faire le cyclisme. On a appris qu’il y a des stratégies, qu’il faut savoir attaquer et ne pas attaquer et aussi que c’est un sport collectif. Ce que nous ne comprenions pas », raconte-t-il.
Tous partagent le même rêve. Celui de participer un jour au Tour du Faso et suivre les traces de leur idole, Paul Daumont, vainqueur du maillot jaune et de cinq étapes du Tour en 2023. Mais ils sont conscients du chemin encore à parcourir. « Nous manquons presque de tout. On n’a pas assez de vélos, de casques, les pneus sont usés. Nous n’avons aucune pièce », se désole Moumouni. En plus, Moumouni regrette le fait qu’il n’y ait pas de centre adapté pour recevoir les élèves. Une fois le Bac obtenu certains jeunes abandonnent le cyclisme.
Malgré les difficultés matérielles, il ne baisse pas les bras. Moumouni Ouédraogo reste convaincu que la détermination de ces jeunes leur permettra de surmonter les obstacles et de devenir les futurs champions du Burkina Faso.
Boukari Ouédraogo