Le 30 novembre 2024, un jeune Burkinabè, Abdoul Razack Junior, plus connu sous le nom de Iron Junior, se mesurera à de jeunes athlètes du monde dans la compétition du World Strongest Teen en Écosse. Aux côtés de concurrents écossais, britanniques, américains et irlandais, cet adolescent de 18 ans représente le Burkina Faso, avec l’ambition de marquer l’histoire du strongman dans la catégorie réservée aux moins de 20 ans.

Dans la résidence de la famille Romba dans un quartier de Bobo-Dioulasso se trouve un espace particulier: un couloir transformé en gymnase. Plusieurs équipements de fortune sont installés à divers endroits : des pierres d’Atlas faites de béton, un tronc d’arbre taillé par un menuisier local, un sac de levage et des haltères sur un sol couvert d’un tapis rappelant le gazon, sans oublier du matériel de musculation.

Les murs sont peints aux couleurs du drapeau du Burkina Faso : deux bandes horizontales rouge et verte, frappées d’une étoile jaune au milieu. Ce qui rappelle l’attachement patriotique de la famille Romba. Ici, s’entraîne Abdoul Razack Romba, dit Iron Junior, amateur de strongman, une discipline sportive classée parmi les sports extrêmes.

En effet, Iron Junior impressionne par son physique imposant. 175 kg de muscles à seulement 18 ans. « Quand il avait trois ans, on ne le laissait pas dormir au salon parce qu’on ne pouvait plus le soulever pour le faire entrer », raconte son père avec une pointe d’ironie.

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La passion de Abdoul Razack Romba pour le strongman lui vient de son admiration pour Cheick Al Hassan Sanou, dit Iron Biby, icône mondiale de cette discipline et champion du monde de « log lift » ou soulevé de bûches. Ce dernier est considéré comme l’homme le plus fort du monde grâce à ses exploits. Razack se veut son successeur d’où son nom Iron Junior.

« Lorsque j’ai vu Iron Biby évoluer dans le domaine du strongman en Europe, cela m’a donné envie de faire du strongman, ça m’a vraiment motivé », explique Abdoul Razack. Sur les réseaux sociaux, on peut voir le jeune garçon aux côtés de Iron Biby lors de séances d’entraînement.

Sa motivation s’accroît lorsque celui qu’il considère comme son mentor, Gabriel Ligneux, un Suisse, détecte son talent et l’encourage dans sa passion. C’est d’ailleurs lui qui découvre qu’il existe bien une compétition de strongman pour adolescents. De quoi décupler son envie de continuer à travailler. Alors, Iron junior trouve enfin sa voie : le strongman et rien d’autre. « J’aime le strongman parce que c’est une épreuve de force et de puissance. En plus de cela, cela fait monter l’adrénaline et j’aime ça », explique-t-il.

Tous les moyens sont bons…

L’entraînement de Iron Junior se déroule dans des conditions modestes. Son père, Karim, a rassemblé du matériel de fortune pour qu’il puisse se préparer convenablement. Des ouvriers locaux lui ont fabriqué les équipements nécessaires à la pratique de cette discipline sportive. « Quand je soulève la pierre d’Atlas, je me blesse souvent parce que la boule n’est pas adaptée. J’ai donc des difficultés à la soulever convenablement », regrette Abdoul Razack, en montrant son avant-bras couvert de cicatrices et de plaies. Malgré tout, il garde le sourire et continue de travailler avec enthousiasme.

Pour lui permettre de progresser, son père a recruté un enseignant de sport pour ses séances d’entraînement. Aristide Michel Millogo, spécialiste du judo, le suit de près et s’adapte aux besoins du jeune athlète. « Ce n’est pas ma spécialité, mais une fois qu’on m’a fait appel, je n’ai pas hésité, surtout quand il s’agit d’aller défendre les couleurs du Faso », affirme-t-il.

Malgré le matériel rudimentaire, le coach Millogo constate une bonne progression chez son protégé, ce qui lui donne de l’espoir. « Je suis confiant. En plus, quand il ira à la compétition avec un matériel plus adapté, il va réaliser de meilleurs résultats », promet-il. Aristide Michel est sûr que le jeune garçon pourra se perfectionner au fil du temps.

Devenir champion du monde de strongman

Iron Junior participera pour la première fois à une compétition internationale, aux côtés d’une dizaine de jeunes aspirants au strongman. Il s’agit du World Strongest Teen en Écosse. Son objectif est de suivre les pas de son idole, Iron Biby. Cependant, le jeune homme, timide mais déterminé, fait face à plusieurs difficultés. « Je crois en moi et en ma force. J’ai l’ambition de remporter la première place et établir un record, et je travaille dur pour y arriver », confie-t-il avec humilité.

Iron Junior sait qu’il a la chance d’être soutenu dans son rêve. Il est reconnaissant envers son père, Karim, qui sacrifie temps et argent pour lui permettre de réaliser son rêve. « Je le soutiens d’abord parce que c’est mon fils. C’est un devoir en tant que papa. Quand j’ai vu qu’il excellait dans la discipline, j’ai décidé de le soutenir pour qu’il puisse défendre les couleurs de mon pays », explique-t-il. Son père se réjouit surtout que le champion Iron Biby ait déjà ouvert la voie pour son fils et bien d’autres athlètes.

Boukari Ouédraogo