Le tianhoun est un instrument de musique à cordes. Intimement lié à l’ethnie bwa, il véhicule la joie, car ne se joue que lors d’évènement heureux. Mais cet instrument est aujourd’hui en voie de disparition.
Guitare, violon, harpe, violoncelle… Il faut ajouter à cette liste d’instruments de musique à cordes le Tianhoun. Confectionné à base de pailles reliées entre elles par un fil et attachées par des lacets de néré, le tianhoun comporte onze ou vingt-deux cordes, selon les explications de Wiélo Elie Kondé la soixantaine, dont l’ethnie est intimement liée à l’instrument. A ce propos, il fait comprendre que c’est l’un des ancêtres de la famille Tianhoun qui s’est vu confier cet instrument par des génies dans la brousse. Et par la suite d’autres familles de l’ethnie bwa l’ont adopté.
L’instrument de musique aimé par le président Thomas Sankara
L’artiste musicien Bakary Dembélé détaille que tous les sons produits par le tianhoun sont obtenus uniquement par les deux pouces. Le pouce droit joue les notes aigües et fait le solo, pendant que la gauche joue les basses.
Il confie avoir joué au tianhoun et avec cet instrument, est arrivé à attirer l’attention du président Thomas Sankara. Et cela lui a valu d’être invité à presque tous les grands évènements et manifestations. Par exemple lors de la 2e conférence nationale des Comités de Défense de la Révolution (CDR), « c’est moi qui devais animer. J’étais programmé pour jouer le tiahoun le dernier. Au moment où je devais monter pour jouer, Thomas Sankara est arrivé et son protocole voulait arracher le micro. Le président a demandé que je joue. Tout le monde était attentif et c’est là qu’il a commencé son discours », s’enorgueillit l’artiste tradi-moderne bwa.
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Le vieux Kondé signale que dans l’histoire, le tianhoun est joué uniquement par des hommes, du fait de son caractère mystique. Aussi, à l’en croire, instrument de musique typiquement bwa, il n’était autrefois utilisé que lors des cérémonies festives. A ce propos, il précise qu’avant, on jouait le tianhoun lors des mariages, baptêmes et bien d’autres. Il cite des évènements où il y a la joie et de l’ambiance et c’est uniquement à ces occasions qu’il est permis de jouer le tianhoun. Par contre, le tianhoun ne se joue pas lors des évènements malheureux, comme les décès. « C’est interdit du fait de son caractère mystique », menace le sexagénaire.
Un pan de la culture bwa en voie de disparition
Il en vient cependant à regretter que cet instrument qui fait la fierté de la culture bwa est malheureusement en voie de disparition. L’artiste Bakary justifie que si aujourd’hui le tianhoun est abandonné par la jeunesse c’est parce qu’il demande plus de temps et de concentration à l’apprentissage. « Tu peux apprendre le tianhoun étant mineur, mais une fois si tu deviens adulte, c’est compliqué. Et il faut avoir l’esprit tranquille. Là, tu peux bien apprendre, voilà pourquoi c’est abandonné », regrette-t-il.
En réaction à cela et pour préserver la vie du tianhoun dans la culture bwa, il existe un Festival qui en fait la promotion et qui s’ouvre à la jeunesse. La première édition a été organisée en 2022 à Bobo-Dioulasso.
Boureima DEMBELE