Au Burkina, la province du Zoundweogo est un verger de tangelos
Les vergers de tangelos s'étendent à perte de vue dans la province du Zoundweogo, Ph: Studio Yafa

Au Burkina, la province du Zoundweogo est un verger de tangelos

La province du Zoundwéogo dans le centre-sud pourrait aussi être appelée verger du Burkina, pour son importante production de tangelos. Comme l’est le Kénédougou avec sa forte production de mangues. Plus de 100 000 tonnes de production par an. Ce fruit, issu du croisement entre le pamplemousse et la mandarine, réussit bien sur les terres de la cité de l’épervier.

A Bion, environ 40 km de Manga dans la province du Zoundwéogo, la nature respire à plein poumon. Pas grâce au barrage d’une capacité de 4 millions de m³, mais plutôt à ces activités de production maraîchères et fruitières qui se mènent de part et d’autre. Coiffé d’un foulard à la va-vite certainement pour atténuer l’ardeur des rayons du soleil, Etienne Nana, la soixantaine, passe en revue son exploitation de tangelos.

Le visiteur est vite émerveillé par ces arbres qui portent ces petites boules majoritairement orange. Nous sommes dans le champ de tangelos d’un retraité qui a refusé le repos. Sa chemise à manches courtes déchirée au dos et sa culotte témoignent bien que l’homme est désormais loin des dress-codes des bureaux. Un homme libre qui entame une nouvelle vie après sa retraite intervenue en 2019.

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Après des mois de durs labeurs, il a pu, avec l’aide de ces enfants vacanciers, mettre en place son verger de tangelo. C’est plus de 300 pieds sur 3 hectares. « Lorsque les plantes ont commencé à grandir, j’étais satisfait. Je peux me lever la nuit entre minuit et 2 h du matin pour faire le tour de la plantation. Même dans la journée, quand je m’arrête et que tout est vert, il n’y a rien de tel. Je me distrais et je m’épanouis ici », se réjouit Etienne Nana.

Etienne Nana presse une tranche de tangelo dans sa plantation, Ph: Studio Yafa

La plantation de Etienne Nana n’est pas isolé. Les vergers s’étendent dans plusieurs localités de la province et de la région du Centre-sud. Ce fruit, issu du croisement entre le pamplemousse et la mandarine, réussit sur ces terres. « Tant que c’est bien entretenu, au bout de 3 ans, on peut récolter les premiers fruits. La production est quasi continue. Mais la bonne période de production, c’est pendant l’hivernage, en ce moment, le climat est favorable », ajoute le producteur.

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Également à Bion, Harouna Ouanga, plus jeune, exploite 2 hectares de la plante hybride. « Vraiment ça se passe bien, les arbres donnent beaucoup de fruits. Ce n’est pas très compliqué. Le tangelo a besoin de fumiers et d’engrais. Si c’est bien dosé, au bout de trois ans, la production peut même commencer », explique Harouna. Et depuis 7 ans, il dit avoir trouvé le bon filon grâce aux conseils des devanciers dans le domaine.

Harouna Ouanga dit s’épanouir dans la production du tangelo, Ph: Studio Yafa

« Avec notre papa (Ndlr. C’est ainsi qu’il appelle Etienne Nana) nous apprenons avec certaines pratiques. Nous ne travaillions pas comme lui. Il travaille de façon méthodique et quand tu vas voir les résultats, c’est vraiment agréable. Sa façon d’entretenir ses plantes est une vraie école », témoigne le jeune producteur pour qui, ce sont les conseils partagés entre les producteurs qui font la réussite du tangelo dans la localité.

Terres propices

Selon le directeur régional en charge de l’agriculture de la région du Centre-Sud, Gueswindé Amos Congo, un peu partout dans la région, des vergers de tangelo poussent. « Les grandes zones de production sont la zone autour du barrage du Bion dans la commune de Nombéré. Il y a aussi au niveau du barrage du Bazèga, autour de Lilbouré et au niveau de la commune de Toessé. Mais un peu partout, les fermes que nous avons, les gens expérimentent toujours cette production », précise-t-il.

Le tangelo produit à toutes les saisons, Ph: Studio Yafa

En effet, la région produit par an plus de 100 000 tonnes de tangelo. « C’est vraiment une culture fruitière très répandue qui s’adapte à nos conditions climatiques et à nos conditions du sol. Lorsque vous faites le tour de la région, vous vous rendez compte que les gens ne font qu’agrandir les superficies pour cette culture fruitière-là », constate avec fierté le premier responsable de l’agriculture dans la région.

Hypothèses et contre hypothèses

Par contre, les producteurs de la région regrettent une production en dent de scie depuis quelques années. En cette saison sèche, par exemple, malgré l’apparente embellie, Etienne et ses camarades ne sont pas satisfaits. Ils émettent plusieurs hypothèses. Engrais, mouches, changement climatique ?

« Le plus grand ennemi, c’est la mouche. Elle dépose ses larves pendant la floraison, et ça provoque la chute des fruits » diagnostique l’ingénieur à la retraite. Pendant ce temps, Harouna Ouanga pointe du doigt la qualité des engrais. Rien de tout cela, rassure Gueswindé Amos Congo. Il s’agit plutôt d’un phénomène naturel. « Il faut comprendre que les arbres fruitiers ont un phénomène naturel qui est l’alternance en production. Il y a les années ‘’on’’ et les années ‘’off’’. Les années ‘’on’’, ce sont les années de forte production, et les années ‘’off’’, c’est la faible production », explique le directeur régional. Pour lui, ce phénomène permet aux arbres de se régénérer.

En plus de cela, les producteurs regrettent la rareté de la main-d’œuvre. Les jeunes, bras valides, préférant aller sur les sites d’orpaillage.

Tiga Cheick Sawadogo