Au Burkina Faso, des jeunes sont accros aux feuilletons télévisés sud-américains, indiens ou encore turcs. Cependant, cette passion n’est pas partagée par d’autres qui trouvent en ces feuilletons des vecteurs des cultures étrangères.
Chaque après-midi à 13 heures et les soirs à partir de 19 heures, plusieurs chaines de télévision burkinabè proposent des feuilletons étrangers dites télénovelas à leurs spectateurs. En plus de ces chaînes, des télévisions comme Novelas TV, Zee Magic, entre autres, proposent plusieurs épisodes de ces séries au quotidien, entre 16 et 19 heures. Elles sont également rediffusées toute la journée.
Madame Yougbaré, coiffeuse au marché de Zabr Daaga de Ouagadougou est une passionnée de télénovelas. Elle ne rate pas un épisode de ses feuilletons préférés. « J’aime surtout leur manière d’aborder les thèmes de l’amour. Quand ils s’aiment, c’est plus fort, c’est sincère, c’est plus sérieux. Ce n’est pas comme chez nous », explique-t-elle. En plus de cela, elle estime apprendre des modes de vie d’autres peuples.
Ella Nikièma, artiste musicienne ne partage pas cette passion des télénovelas : « Ce n’est pas instructif. Ça ne m’apporte rien du tout. C’est une perte de temps. Sinon je constate que les femmes et beaucoup d’autres personnes préfèrent suivre les télénovelas parce que ça les distrait et ça leur permet d’oublier les soucis », affirme Ella Nikièma.
Pour elle, des chaînes comme Novelas TV ou encore Nollywood TV proposent des programmes qui peuvent contribuer à pervertir les enfants. Ella Nikièma souhaite que certains épisodes soient biffés. « Souvent, tu quittes le travail et tu viens constater que les enfants sont devant la télé et il y a des scènes qui ne sont pas bons pour les enfants », déplore Ella Nikièma. Pour elle, il faut plutôt proposer des programmes éducatifs plutôt que ces télénovelas.
Bintou, également coiffeuse, constate que certains jeunes sont même devenus dépendant aux télénovelas, « Il y a des femmes qui laissent leur repas cramé parce qu’elles passent le temps à suivre des télénovelas. Elles veulent même copier certains comportements alors que nous n’avons pas été éduqués comme ça », s’indigne Bintou.
Pazouknam Jean-Baptiste Ouédraogo, réalisateur burkinabè estime que les chaînes étrangères profitent d’un vide laissé par les télévisions locales. « L’expérience à montrer que les Africains adorent les séries africaines. Il faut une production de masse réalisée par des africains, parlant des réalités africaines, destinées au public africain. C’est parce qu’il n’y a pas assez de productions locales que nos téléspectateurs sont attachés à ces films », constate le cinéaste. Il soutient que les séries burkinabè comme « Bobo-Diouf », « Commissariat de Tampy », « Trois hommes un village » etc. ont fait leur preuve dans la sous-région. Il faudrait donc, de son point de vue, multiplier de telles productions.
Sur sa page Facebook, le Conseil supérieur de la communication (CSC), a demandé au diffuseur Canal+ de « crypter les chaînes «Novelas» et « Nollywood » en attendant la fixation des créneaux horaires des « Télénovélas ». Il a encouragé les télévisions locales à s’intéresser également à la production des séries télévisées.