Alimata Kafando, plus de 60 ans et  leader agricole à Ladwenda (Ziniaré)
Alima souhaite une clôture et un forage pour assurer une meilleure production sur son site, Ph: Mousso News

Alimata Kafando, plus de 60 ans et leader agricole à Ladwenda (Ziniaré)

Ladwenda est un village situé à 12 kilomètres de Ziniaré. Dans cette localité où la possession d’un espace agricole est un véritable défi pour des femmes, Alimata Kafando fait figure d’exemple. Leader agricole, elle possède des terres cultivables sur le site maraîcher du village. Un site acquis par la force du travail, mais aussi grâce à son flair et la conviction que la terre ne ment pas.

Alimata Kafando est un nom qui, depuis sept ans, résonne sur le site maraîcher de Ladwenda. Encablures de Ziniaré, région du Plateau central. Mère de sept enfants, âgée de plus de 60 ans, elle a toujours été active depuis qu’elle a quitté les bancs scolaires en classe de 5e. Avant de se lancer dans l’agriculture, elle était animatrice en langue mooré pendant 10 ans dans une station de radio.

Des années plus tard, elle tente sa chance en postulant pour un projet agricole. Elle est sélectionnée. Dans le cadre de ce projet, elle, à l’instar des autres bénéficiaires, a reçu une parcelle cultivable sur le site maraîcher de Ladwenda. Par la suite, les bénéficiaires reçoivent une formation durant trois mois dans le domaine de l’agriculture. « J’ai beaucoup appris lors de cette formation. Nous avons été formés en compostage, en technique de culture, en connaissance et entretien de semence », se rappelle-t-elle, toute joyeuse.

Une vue de l’espace de production de Alima Kafando, Ph: Mousso News

Alimata cultive du maïs et du niébé sur son terrain d’environ un hectare pendant la saison des pluies. Elle ne s’en tient pas à cela. Pendant la saison sèche, loin de se tourner les pouces, elle s’engage dans le maraîchage. Des oignons, des choux et des tomates sont des spéculations qui poussent sur son périmètre d’exploitation.

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En 2019, la fin de ce projet agricole a amené des bénéficiaires à abandonner leur site. Ambitieuse et stratège, Alimata récupère certaines portions de terre adjacente à son espace initial afin d’agrandir sa surface cultivable.

La sexagénaire se révèle être une agricultrice accomplie malgré les défis. Manque de clôture pour protéger les cultures des animaux en divagation. Absence de forage sur le site. « Si j’arrive à avoir cette clôture, et également un forage, je pourrai encore mieux produire. Actuellement, j’utilise l’eau du puits et c’est épuisant de puiser chaque fois », soupire Mamie, comme l’appellent affectueusement certains de ses collaborateurs. Mais en attendant, Alima ne baisse pas les bras.  Grâce à son activité agricole, Alimata subvient aux besoins de sa famille composée de sept enfants. Elle prend même en charge les frais de scolarité de certains d’entre eux qui fréquentent des universités privées.

« Je remercie ROPSA pour l’initiative qui nous aide, nous les femmes. Grâce au projet, j’arrive à prendre soin de ma famille et surtout à prendre en charge les frais de scolarité, dont certains sont dans des universités privées dont la scolarité est chère », témoigne-t-elle.

Un leadership affirmé

Alimata Kafando est impliquée dans FasoVeil à travers le Réseau des organisations paysannes pour une synergie d’action (ROPSA) qui met en œuvre leur projet de suivi citoyen des politiques de sécurité alimentaire et nutritionnelle au Burkina Faso.

Elle intervient dans ce projet en tant que leader agricole. D’après le relais régional ROPSA, Jeanne Kaboré, une leader agricole, est une femme agricultrice qui a saisi que la terre est toujours sincère et qui s’investit autant que les hommes dans l’agriculture maraîchère et de saison pluvieuse.

Jeanne Kaboré apprécie le leadership de Alima Koanda, Ph: Mousso News

Tout comme elle, le ROPSA compte de nombreux leaders agricoles à Ladwenda. Cependant, Alimata s’est révélée être la plus dynamique de toutes. « Elle est très dynamique. Elle est bénéficiaire d’un projet lancé et clôturé en 2019. Les autres ont déjà abandonné et elle a récupéré leur portion de terre ajoutée à elle », apprécie Jeanne Kaboré, relais régional ROPSA.

En tant que leader agricole du ROPSA, Alima partage son expérience avec d’autres femmes. En constante activité. Aux autres femmes qui œuvrent dans la culture agricole, la leader agricole les encourage à posséder leurs propres terres. « Levez -vous et battez-vous! Pour avoir des sites ici, il faut se lever tôt, c’est difficile pour une femme d’avoir des terres cultivables  », lance-t-elle comme un cri de ralliement.

Mousso News avec Studio Yafa