Les dispositions relatives à l’impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) ont été modifiées par la loi de finance de 2020. Elle prévoit le prélèvement de l’IUTS sur les primes et indemnités des fonctionnaires. Des agents désapprouvent cette décision.
Catherine, enseignante dans un lycée public de Ouagadougou, ne s’attendait pas à une telle décision : un prélèvement de l’impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) sur ses indemnités et ses primes, et ce, à partir du mois de janvier 2020. La jeune fonctionnaire se dit surprise par cette décision annoncée par le Premier ministre Christophe Dabiré le 28 septembre 2019 lors de la 3ème session ordinaire du bureau politique national du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti au pouvoir.
« Si c’est l’information qui nous accueille pour cette nouvelle année, ce n’est pas une bonne chose. Je ne comprends pas le bien-fondé de cette décision puisque dans les banques, on nous coupe déjà des taxes , si on doit encore couper sur les indemnités… », déplore Catherine. Elle se dit inquiète pour le salaire qu’elle percevra à la fin du mois. Ne sachant pas comment le calcul sera fait, elle dit attendre de percevoir son salaire du mois de janvier pour faire le point.
« On a mené des luttes et jusqu’à présent, on veut couper sur les retombés de notre lutte, cela ne nous motive pas à travailler », lance Catherine.
Motiver plutôt que décourager
Léon Zougmoré, enseignant à l’école primaire Zone du bois de Ouagadougou affirme accueillir cette information avec beaucoup de regret. « Les indemnités et les primes sont généralement allouées pour les motivés et les encourager à mieux travailler. C’est comme un pourboire pour un travail bien fait et s’il y a une imposition sur la somme indiciaire, cette décision tombe mal », s’indigne Léon Zougmoré. Il dit rejeter cette décision dont il ne comprend pas l’objectif.
« Nous vivons sous des prêts bancaires et d’autres dettes dans la ville. Si sur chaque indemnité, il y aura un pourcentage d’impôt à percevoir, c’est la peine totale. Nos autorités doivent revoir la forme parce que les fonctionnaires et les enseignants surtout ne sont pas payés à la hauteur de leur tâche en plus, on veut rogner sur leurs indemnités (…) s’ils ne peuvent pas ajouter, qu’on nous laisse avec ce que nous avons », ajoute-t-il.
Le directeur général des impôts Moumouni Lougué estime que cette décision est légale et légitime dans le contexte sécuritaire lié au terrorisme au Burkina Faso. « Elle est légitime d’autant que le Burkina Faso a besoin de ressources. Le pays est en proie au terrorisme. Certains payent le terrorisme (sic) au prix de leur vie », défend Moumouni Lougé sur les antennes de Radio Omega. Le prélèvement de l’ITUS se fera chez tous les fonctionnaires sauf les primes de risques des forces de défense et de sécurité selon Moumouni Lougué. L’Unité d’action syndicale (UAS) se dit opposer à cette nouvelle imposition et exige sa suppression au niveau du secteur privée. Le taux de prélèvement de l’IUTS sera fait en fonction du salaire de chaque fonctionnaire.