Le Burkina Faso a adopté une nouvelle loi sur le quota-genre le mercredi 22 janvier 2020. Elle porte sur la fixation et les modalités de positionnement des candidats aux élections législatives et municipales. Si l’adoption de cette loi est bien accueillie, des jeunes restent sceptiques quant à son application effective.
‘’ Il ne faut pas se leurrer. Les partis politiques veulent le pouvoir. Ils établiront des listes gagnantes, pas des listes qui respecteront un quelconque quota genre ’’ commente sans ambages Aziz Dabo, porte-parole de la Nouvelle alliance du Faso ( Nafa), parti de l’opposition. Si cette nouvelle loi en faveur des femmes est une avancée pour Mariam Ouédraogo jeune femme engagée sur la question des droits des femmes, elle déplore comme la seule députée qui a voté ‘’ Contre’’, qu’elle ne soit pas contraignante. Les avantages du respect de cette loi sont également décriés par la jeune dame. ‘’ Quand on dit que les partis politiques qui respecteront la loi seront récompensées d’un surplus de 20% du montant alloué par l’Etat pour la campagne électorale, c’est pour encore réduire les femmes au second plan. Ils inscriront les femmes pour les mettre’’ regrette Mariam.
La liste zébrée, une innovation
Pour Mamata Tiendrébéogo, jeune députée à l’Assemblée nationale, la loi votée apporte une innovation majeure en l’occurence la liste zébrée. Ce modèle recommande la proposition d’une liste liste alternée – femme homme, homme femme- et la prise en compte à hauteur de 30% des têtes de liste de l’un et l’autre sexe. ‘’ Nous saluons l’avancée apportées par cette loi. Il est vrai que pour une certaine opinion, l’absence de mesures coercitives est un recul. Mais nous devons savoir que toutes les questions politiques ne peuvent trouver de réponse dans une loi. La politique est une saine appréciation des réalités du moment’’ commente Mamata Tiendrébéogo.
Le projet de loi sur le quota genre date de 2019. Le Burkina s’est engagé à prendre en compte la participation des femmes dans la politique en adoptant la loi qui n’a jusque-là pas produit de résultats escomptés. Le chef de l’Etat, Roch Kaboré face à la presse le 11 décembre à l’occasion de la 59ème célébration de l’indépendance du Burkina a regretté la réticence des femmes qui ont des compétences mais qui ne sont pas prêtes pour certains postes nominatifs et électifs. Mais avait-il‘ ajouté « On se plaint qu’on a déjà beaucoup de députés, si nous devons élargir les quotas dans ce genre, on ne va pas s’en sortir. Nous allons travailler à la participation des femmes à l’animation de la vie politique ». La loi sur le quota genre a pour objectif de promouvoir une plus grande participation politique des jeunes femmes et hommes. Le texte attend d’être promulgué par le chef de l’Etat.