« Ça me fait vraiment mal quand je reparle de cette inondation parce que ça donne vraiment la chair de poule. On a tout perdu ». Ainsi nous parlait Souleymane Yougbaré en septembre 2020. Il venait de perdre des millions suite à l’inondation de ses étangs à Bagré dans la région du Centre-Est. Deux ans après, nous sommes retournés le voir. Il a fait preuve de résilience et ses bassins sont remplis à nouveau de poissons.
Au bord d’un grand étang, Omar, 19 ans nourri des poissons. Dans un sceau, il se sert d’aliments faits de petits grains, qu’il jette dans l’eau légèrement verdâtre. On peut entendre le bruit des poissons qui se débattent pour capter les aliments. Trois fois par jour, avec d’autres employés, Omar doit répéter le même exercice. A 10h, 11h 30 et à 15h.
A côté, sous un arbre, son patron observe le manège. Il devise en même temps avec un couple et ses deux enfants qui tiennent des cannes à pêche et s’amusent à jeter les lignes dans l’eau. Il y a deux ans, ce lieu ressemblait à l’après passage d’une catastrophe. C’était effectivement le cas.
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« Tout ce qu’on avait comme production. En termes de poissons marchands tilapia, poissons marchands silure, en termes de production d’alevins tilapia et silure, tout est parti. Actuellement on n’a rien comme production (…) Nous allons remettre les digues à niveau, curer les étangs. Lorsqu’on est entrepreneur, il faut accepter les risques. Les risques ce sont des résultats. Ils permettent de reprendre et de corriger les erreurs », nous confiait alors Souleymane Yougbaré quelques jours après la furie des eaux. Ses prévisions de 4 tonnes 800 kg de carpe, 2 tonnes de silures étaient totalement à l’eau…emportées vers le Ghana.
Savoir se relever
Le visage reluisant, le sourire en coin, le promoteur de centre Aquapro Wendtoin Noura Souleymane Yougbaré reconnait avoir été soutenu par le ministère en charge des ressources halieutiques pour rebâtir les étangs perdus et reprendre timidement les activités. « Après le choc, les autorités ont vu ce qui s’est passé et ont décidé de nous accompagner pour la reprise avec la dotation des aliments et des alevins. Bagrépôle aussi nous a accompagnés », note le patron des lieux.
Avant les étangs étaient construits en terre simple, mais actuellement tous les parois sont en ciment, renforcés de cailloux. « On a construit à une certaine hauteur de 1 m 20. Donc en cas d’inondation nous ne serons plus inquiets comme les années précédentes », explique le pisciculteur.
Avant l’inondation, Souleymane Yougbaré produisait environ 2 tonnes 200 kg de carpes et une tonnes 800 kg de silures. Foi du producteur, ces chiffres ont connu une amélioration après le choc. L’année dernière, il était à 4 tonnes 700 kg de carpes et 4 tonnes de silures. Cette année, il attend 7 tonnes 800kg de carpes. Il vendra 2 millions par tonne. « Actuellement même s’il y a des inondations, l’eau ne pourra plus amener le poisson au Ghana », nous lance-t-il, tout en rire et avec ironie.
Tiga Cheick Sawadogo