Travailler au cimetière. Rien qu’à y penser, cela fait peur. Mais depuis bientôt 5 ans, Asseta Dondassé tire sa pitance dans l’entretien des tombes au cimetière de Nagrin à Ouagadougou. Au-delà de la quête de moyens de subsistance, la jeune dame dit chercher des bénédictions à travers le service rendu à ceux qui dorment dans un sommeil éternel.
C’est un visage bien connu de ceux qui ont un proche enterré au cimetière de Nagrin, un quartier de la capitale. Asseta Dondassé, 28 ans, toujours couverte de son voile. Le cache-nez et les gants bien en évidence, elle se faufile entre les tombes à longueur de journée. Une scène quotidienne qui attire des regards interrogateurs et des commentaires. Mais la jeune dame n’en a cure. Mariée et mère de 03 enfants, elle a choisi de s’occuper des tombeaux.
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« En 2016 je me promenais pour vendre de l’eau aux alentours du cimetière de Nagrin. Je voyais à chaque fois des jeunes qui nettoyaient le cimetière, la mosquée et les toilettes du cimetière et je me suis dit que si je me mets à les aider ça sera une bénédiction pour moi », raconte-t-elle. Asseta troque ainsi sa glacière d’eau contre le matériel de nettoyage.
Mais ce ne fut pas aussi simple reconnait la jeune dame. Il lui a fallu beaucoup de courage pour elle qui avait peur de ce lieu qui transpire les larmes et sent la tristesse. « J’avais très peur quand je voyais un corbillard amener un corps. Mais à force de vivre cela chaque jour j’ai pu surmonter ma peur en me disant que c’est notre dernière demeure », précise-t-elle. Tous les jours donc, son travail consiste à nettoyer l’intérieur du cimetière, nettoyer la mosquée, pousser une barrique d’eau jusqu’au cimetière.
Des propositions suspectes
Au-delà de son gain journalier qui oscille entre 1000 et 2000 FCFA, Asseta rend service à des particuliers moyennant quelques sous. « Certaines personnes me confient l’entretien des tombes de leurs proches. Actuellement j’entretiens plus d’une vingtaine de tombes et on me donne souvent 2000 et parfois même 20000 FCFA », dit-elle. Mais la jeune dame note qu’elle décline certaines sollicitations.
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Certaines sont simplement suspectes et étranges. « Une fois je me rappelle qu’une personne m’a contacté et ma proposé un million pour que je lui donne de la terre d’un corps qui a été enterré un vendredi à 14h », se souvient Asseta, l’air toujours remontée. Son niet fut catégorique insiste-t-elle.
Avec ses revenus, la jeune dame arrive à se prendre en charge et soutenir également son mari. Profitant de ses horaires, qui sont de 10h à 14h et souvent plus, Asseta s’est aussi lancée dans le commerce des articles pour femmes et enfants qu’elle propose aux habitants du quartier Sonré.
Le double danger
Le danger n’est souvent pas loin en ces lieux où les herbes folles servent de refuge aux reptiles. « Je ne peux pas faire deux jours sans croiser un serpent », affirme-t-elle. Mais le plus grand danger, ajoute Asseta, ce sont les humains qui s’invitent souvent pour des rituels.
« Une fois j’ai surpris deux jeunes entrain de déposer un poulet et des colas sur une tombe et j’ai signalé à mon responsable qui les a chassés. Quand je rentrais ces mêmes jeune m’ont arrêté pour me menacer en disant que la prochaine fois, je verrai ce qu’ils me feront car ils vont me tuer. Ils ont également pris tout ce que j’avais sur moi ; argent, téléphone. J’ai eu la vie sauve car il y avait un véhicule qui venait, ils ont eu peur et se sont enfuis », soupire Asseta.
Studio Yafa avec Mousso News