Des jeunes ont été surpris dans les rues à Ouaga, samedi 21 mars, au premier jour du couvre-feu decidé par le président du Faso à travers un décret afin de limiter la propagation du coronavirus. La compagnie républicaine de sécurité qui veille au respect de la mesure a souvent utilisé la manière forte pour punir les contrevenants.
Sur les réseaux sociaux, les images sont à la fois cocasses et choquantes : des jeunes, surpris par le couvre-feu après 19h, se font tabasser par des agents de sécurité. Sur certaines vidéos, l’on aperçoit de jeunes hommes à moto, prendre quelques coups de cravache d’hommes en tenu avant de démarrer en trombe sous leur injonction. Dans une autre vidéo, un jeune est contraint de rouler sur lui-même au sol. La scène la plus choquante montre un autre qui, tentant de fuir les policiers tombent de sa moto en plein vitesse sur le macadam. Ces images publiées sur les réseaux sociaux ont révolté certains internautes qui parlent de « barbarie » et de « violence » policières. D’autres, par contre, saluent l’usage de la force pour dénoncer l’indiscipline de certains Burkinabè.
Pourtant, en ce premier jour d’imposition du couvre-feu, dès 18 heures, l’on assistait à une débandade dans certains quartiers de Ouagadougou. Entre Tabtenga et Tanghin, en passant par Kossodo, les stations-services fermaient une à une. Des commerçants installés au bord des routes rangeaient leurs marchandises tandis que d’autres regagnaient déjà leur domicile. Ces précipitations pour rentrer avant l’heure du couvre-feu a provoqué des embouteillages au niveau de certains carrefours de la ville. Les feux et panneaux de signalisation n’étaient plus respectés, chacun tentant à sa manière de rentrer le plus vite possible.
Des regroupements malgré l’interdiction
Quelques minutes avant 19 heures, heure du début du couvre-feu , un tour dans certains quartiers permet de constater que les maquis et autres débits de boissons, des restaurants, les boutiques et les supermarchés avaient fermé. Un calme relatif régnait bien que certains continuaient de circuler. A 19h20 environs, nous apercevront deux jeunes filles devant la pharmacie des écoles au quartier Paspanga. « On était en panne d’essence. On a trouvé que les stations étaient fermées », explique-t-elle avant d’enfourcher leur moto lorsque nous leur rappelons que c’est l’heure du couvre-feu. Devant certaines cours, des jeunes rassemblés, discutaient toujours malgré l’interdiction. Non loin de l’église catholique située au quartier Paspanga, nous apercevons un groupe de jeunes assis autour d’une table avec des bouteilles de bière. Comme elle, certains regagnaient encore leur domicile souvent à pieds ou à moto.
Jusqu’aux alentours de 19h50 des commerçants ambulants trainaient encore dehors. Des jeunes à moto, à velo et même à véhicule continuaient de circuler. Certains surpris par une panne d’essence poussaient leur moto. La Compagnie républicaine de sécurité (CRS) Q a fait son apparition vers 20h pour traquer les personnes qui ne respectent pas l’heure du couvre-feu.
Lors de son discours à la télévision nationale du Burkina le vendredi 20 mars 2020, le président Roch Kaboré a décidé de l’instauration d’un couvre-feu de 19 heures à 5 heures du matin à partir du samedi 21 mars pour lutter contre la propagation de la Covid-19. A la même date, le Burkina Faso a enregistré cinq guérisons, quatre décès et 75 cas liés au Covid-19.