De jeunes burkinabè saluent les mesures d’accompagnement prises jeudi 02 avril par le gouvernement pour amortir l’impact de l’épidémie de Covid-19. Néanmoins, ils se disent inquiets quant à l’application de ce plan de soutien social et économique.
Sur les réseaux sociaux, aux abords du grand marché de Ouaga, et dans certains kiosques de la ville, les discussions du jour, tournent autour d’un seul sujet : les mesures d’accompagnement annoncées la veille par le chef de l’Etat Roch Kaboré. ‘’ Mieux vaut tard que jamais parce que le gouvernement est longtemps resté silencieux ’’ entend-on dans un kiosque au quartier Zogona.
Un groupe de jeunes qui échangeaient sur ces mesures apprécient diversement. ‘’ Ces mesures sont acceptables. On a trop critiqué, ils ont enfin pris les mesures, il revient aux populations de l’accepter et d’aider le gouvernement à les réaliser’’, lance Tidiane Kirakoya, un chauffeur. ‘’ Nous allons surtout veiller à l’application de ces mesures’’, prévient l’étudiant Bakary Traoré. Compaoré Séni, commerçant au grand marché de Ouagadougou dit également s’inquiéter pour la mise en œuvre véritable de ces mesures d’accompagnement.
Seni Compaoré propose que le président du Faso, lui-même, soit très regardant sur la mise en œuvre des mesures. ‘’ Il faut qu’il confie cette mission aux personnes de confiance et de bonnes volontés. Par exemple pour le partage des vivres, il faudra associer les délégués de quartier qui connaissent bien les familles vulnérables’’, propose-t-il.
Un discours élitiste
Pour Harouna Drabo, communicateur, le président s’est plutôt adressé aux urbains et aux hommes d’affaires plutôt qu’aux personnes des zones rurales. ‘’Il est difficile de démontrer au soudeur de Darsalami, à la vendeuse de riz en bordure de voie la nuit à Dédougou qu’il y a des mesures sociales qui faciliteront le passage de cette période de crise’’ explique-t’-il. Même constat pour Awa Ouédraogo vendeuse de fruits au grand marché de Ouagadougou. Elle affirme n’avoir rien compris dans le message du président du Faso.
Du discours du président traduit en mooré à la radio, elle a compris que le président va accompagner les commerçants. ‘’ On attend de voir cette promesse, mais je doute fort que cela soit équitable’’ dit-elle. Hélène Wangrawa, une autre commerçante craint que le patronat profite de cette crise sanitaire pour se remplir les poches. ‘’ Le président devrait gérer lui-même le partage des vivres et suivre de près l’application effective des mesures’’, souhaite-t-elle.
Le Burkina Faso prévoit près de 394 milliards de F CFA pour accompagner les ménages et les entreprises affectées par les mesures restrictives prises pour freiner la progression du coronavirus.