A Koudougou, si rien n’est fait pour stopper la propagation du VIH, il faudrait craindre le pire dans les années à venir. La maladie connaît une progression d’année en année. Selon le major du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du secteur 10 de Koudougou, en 2019, le taux de personnes infectées par le VIH est passé de 0,35%, à 0,83% en 2020 puis 1,03% en 2021.
Ange, nom d’emprunt vit avec le VIH depuis maintenant trois mois alors qu’elle porte une grossesse de neuf mois. Teint noir, taille fine, vêtue d’un tee-shirt ample et d’un pagne, le poids du germe de la maladie se lit sur son visage.
À 24 ans, c’est lors des pesées à l’hôpital que Ange découvre qu’elle porte le virus. « Moi-même j’étais surprise de la maladie puisque je faisais des dons de sang dans ma famille quand j’étais toujours à l’école. Lorsque j’ai pris ma deuxième grossesse, je suis venue pour les pesées, ils m’ont prélevé le sang et trouvé que je vis avec la maladie », dit-elle toute triste.
C’est un véritable coup dur pour la jeune mère qui s’active désormais pour protéger son futur bébé. « Je prends les comprimés pour ne pas contaminer mon enfant. Depuis que je prends les médicaments, je ne sens rien même et si ça fini j’appelle la sage-femme, elle me donne rendez-vous de venir prendre », ajoute-t-elle.
Koudougou, carrefour de rencontres
Il existe trois moyens de contamination de la maladie du VIH explique Félix Compaoré, major du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du secteur 10 de Koudougou. « Il y a la voie sexuelle, la transmission mère enfant et la transmission à travers un objet souillé ». Plusieurs facteurs expliqueraient la prévalence du VIH à Koudougou ces dernières années. La ville est le carrefour de rencontres pour les conférences, les ateliers ou des activités culturelles qui favorisent les rencontres.
« Actuellement même, tous les hôtels sont occupés. Les différentes missions que les gens viennent effectuer à Koudougou, ça fait qu’il y a beaucoup d’étrangers qui viennent et le plus souvent quand ils viennent dans les boîtes, les maquis, ce sont des lieux de rencontre et les gens ne se protègent pas. C’est un des facteurs de la propagation de cette maladie », explique Félix Compaoré et d’ajouter que : « Dans certains événements souvent dans les villages, où il y a le brassage entre les populations, les rencontres, tout cela peut expliquer le fait que la prévalence soit un peu élevée à Koudougou »
La prise en charge des personnes infectées
Le centre médical de Koudougou fait partie des centres qui accueillent et administrent des soins aux personnes vivant avec le VIH. Le centre procède à un enregistrement du patient et lui attribue un numéro pour son suivi, explique Béatrice Zio, responsable du centre médical et de la fille active des personnes vivant avec le VIH.
« Avant, il fallait attendre que la défense de l’organisme arrive jusqu’à un certain niveau mais actuellement dès que nous dépistons un patient qui est infecté, nous le mettons immédiatement sous traitement et nous le suivons. La consultation, les comprimés et le traitement, tout est gratuit ». Les médicaments ne permettent pas de guérir de la maladie mais aident le patient à bien vivre comme tout le monde poursuit la responsable de la fille active.
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« De nos jours, on peut bien mourir d’autres choses que du VIH tant que le patient suit bien son traitement parce que la charge virale dans l’organisme infime qu’on n’arrive plus à la voir dans le sang circulant. Le virus se cache dans le ganglion mais n’arrive plus à circuler dans le sang ». a-t-elle ajouté. Même si le traitement est aujourd’hui efficace, il est toujours mieux de prendre ses précautions pour éviter d’attraper le virus. Le port du préservatif ou l’abstinence sont entre autres des moyens de protection sûrs et efficaces.
Faïshal Ouédraogo