Couvre-feu au Burkina : le cache-cache des enfants de la rue©libreinfo.net
Les enfants de la rue se sentent oubliés au moment où sévit l'épidemie de Covid-19

Couvre-feu au Burkina : le cache-cache des enfants de la rue

L’instauration du couvre-feu pour lutter contre le Covid-19 au Burkina Faso ne tient pas compte de la situation des enfants vivant dans la rue. Certains d’entre eux disent s’être fait surprendre et châtier par des patrouilles de la gendarmerie à l’heure du couvre-feu.

La modification de l’heure du couvre-feu au Burkina qui commence désormais à 21h au lieu de 19 heures jusqu’à 5 heures du matin apparait comme un soulagement pour des enfants de la rue. Cette mesure instaurée pour lutter contre le Covid-19 ne fait pas l’affaire de ces enfants. Parfait Kouara, la vingtaine, passe ses nuits dans une boucherie à ciel ouvert au quartier Paspanga de Ouagadougou avec certains camarades. Le corps recouvert de blessures, il les attribue aux bastonnades des patrouilles de la gendarmerie lorsqu’une nuit, il a bravé à la mesure du couvre-feu pour chercher de l’eau à boire.

« Mes blessures ? Je dormais et j’avais soif. J’ai pris un bidon pour aller enlever de l’eau dans un puits non loin d’ici. C’est là que j’ai vu un cargo qui venait. J’ai voulu fuir ils m’ont rattrapé et battu. Pourtant, je n’ai pas volé. J’avais juste soif », affirme avec impuissance le jeune garçon.

Selon des enfants de la rue, la nuit ils jouent à cache-cache avec les patrouilles de la gendarmerie pour éviter de se faire surprendre. Certains disent avoir du mal à trouver un endroit pour dormir par peur de se faire prendre. « La nuit, on  n’a pas un endroit fixe pour dormir. On cherche juste un endroit où  on sera tranquille», souligne Mamadi.

Déjà laissés à eux-mêmes, ils disent ne plus bénéficier d’assistance des services sociaux depuis le début de l’épidémie. « Il y avaient plusieurs sites d’hébergements et de prises en charge dans plusieurs quartiers de Ouagadougou. Mais depuis le début de la maladie, l’action sociale ne s’occupe plus de nous », fait savoir Idrissa Sangaré, 20 ans environ. « C’est Dieu qui va nous aider seulement », ajoute avec tristesse Parfait Koura.

En plus de vivre dans la rue, ces enfants disent avoir du mal à respecter les gestes barrières. Une dizaine d’enfants partagent une couchette. « Nous n’avons rien pour nous laver les mains, nous n’avons pas de cache-nez pour nous protéger», reconnaît Sangaré.

Pour Lassinaa Zampou directeur des ressources de l’Association Kéogo, une structure qui s’occupe des enfants de la rue, ces derniers sont exposés à l’épidémie de la Covid-19 parce que ces enfants fouillent dans la rue, passe de porte en porte pour chercher à manger et dorment dans des endroits insalubres.