Dans un communiqué publié dans la soirée du lundi 26 décembre 2022, la Société nationale d’hydrocarbures (SONABHY) a annoncé une pénurie de carburant sur le territoire national qui pourrait aller jusqu’en début janvier. Dans la capitale, c’est un parcours du combattant pour avoir le liquide précieux.
Mercredi, 15h30. Sur l’avenue Charles de Gaulle, la circulation est plus ou moins fluide. Des véhicules garés par ci, des passants qui poussent leurs motos par-là et d’autres, des bidons derrière les engins. La raison est connue. Le Burkina Faso connait une pénurie de carburant depuis lundi. Sur la même avenue, toutes les stations sont fermées. Une seule reste encore ouverte.
Visiblement une dispose encore de carburant. Un ruban de sécurité clôture les entrées de la station. Tout le monde, marchand, motocyclistes, conducteur de véhicule doit prendre le rang. Personne n’a la priorité sauf les premiers venus. Il n’y a pas de galanterie encore moins de charité d’une personne du troisième âge ni même de priorité accordée à qui que ce soit aujourd’hui. Chacun se bat juste pour obtenir le carburant.
Patience et endurance
Pascal Sawadogo attend dans son véhicule depuis 2h. Le rang est long et s’entend sur environ 150m. L’attente dure, mais il faut garder patience. « J’ai fait presque le tour de Ouaga, aller vers Koubri mais rien. Vraiment j’espère que cette fois j’aurai quelque chose en attendant que tout rentre dans l’ordre » souhaite-t-il.
Madeleine, sous le soleil a encore quelques personnes devant elle. Sur sa moto, son tee-shirt blanc porte des taches et une couleur telle une personne traînée dans la boue. Il n’y a de petite sœur ici dit-elle en sourire. « On va faire comment. Si tu t’amuses on va prendre ta place donc on se coince, on te pousse tu tombes mais tu te relèves » dit-elle.
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Dans une autre petite station située à Zogona, le rang est relativement moins long, mais pas respecté. Conséquences, c’est le désordre. Mohamed Zouré vient de faire le plein de sa moto après plus d’une heure d’attente. Ce matin pourtant, on lui avait proposé le litre à 2 000 F qu’il a refusé. « Ce matin vers l’échangeur du Nord, il y a des gens qui vendaient le litre à 2000F c’est vrai que j’ai l’argent pour acheter mais si on achète c’est comme si on les encourageait. Je pense qu’il faut vraiment interpeller ce genre de citoyens » soutient-il, le visage grave.
Une distribution équitable
A la station Total, face à l’alimentation la Surface, des dispositions sont prises pour faciliter le ravitaillement de la population. Une dizaine de pompistes, certains reconvertis en agents de sécurité. L’objectif c’est de satisfaire tous ceux qui sont là dit l’un d’entre eux. « Si tout le monde rentre en même temps, c’est compliqué de servir, mais avec le ruban de sécurité qui limite l’entrée par toutes les portes, on arrive à contrôler. Il y a une seule entrée et il faut prendre le rang ».
Dans cette station, la règle est bien respectée. On ne sert pas dans les bidons et le responsable des pompistes est très ferme. « Les gens achètent dans les bidons et partent revendre le litre à 2 500 ou 3 000 FCFA. En plus, Il y a tellement de monde que si on sert dans les bidons tout le monde n’aura pas. Donc vous venez avec votre moto ou véhicule et on vous sert, puis le suivant vient… ».
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Certaines personnes ne sont pas d’accord avec cette décision de la station. Un monsieur, après maintes négociations n’a pu convaincre les pompistes à changer d’avis. Très remonté, il se retourne, proférant des injures.
Alors que le ministre du commerce a annoncé l’arrivée des stocks de carburant d’ici deux à trois jours pour mettre fin à la perturbation de l’approvisionnement en super 91, certaines personnes parcourent toujours les artères de la capitale à la recherche de carburant et d’autres vont jusqu’à y veiller dans les rangs.
Faïshal Ouédraogo