La peur au ventre. Une situation fragile. C’est le quotidien des habitants de Tougan, province du Sourou, région de la Boucle du Mouhoun. La menace terroriste s’y est accentuée ces dernières semaines. Malgré les annonces de l’armée qui dit avoir neutralisé des terroristes, la quiétude peine à s’installer au sein des populations qui sentent la menace se rapprocher.
En début décembre, la gendarmerie et le commissariat de Tougan avaient essuyé une attaque terroriste, causant la mort d’un policier. Chef-lieu d’une province dont les attaques terroristes se multiplient, Tougan était frappé pour la première fois en plein cœur. Depuis, la capitale de la province qui recevait des milliers de déplacés fuyant les villages n’est plus un endroit sûr.
Un enseignant a également été tué dans les encablures de Tougan au tout début de janvier 2023. Quelques habitants de la ville expriment leurs fortes inquiétudes. Pour des raisons évidentes de sécurité, nous ne dévoilons pas leurs identités.
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« Aux alentours de notre village presque tout le monde s’est levé. Si tous les villages environnants se lèvent et nous laisse, à la fin ils (Ndlr. Terroristes) vont arriver chez nous », s’inquiète un jeune homme qui vient d’arriver à Tougan.
Régulièrement, l’armée annonce avoir « neutralisé », des terroristes, et détruit des bases terroristes. Il y a à peine une semaine, une base terroriste aurait été détruite et des terroristes « neutralisés » à Kimseré, près de Tougan. L’offensive aurait par ailleurs permis de saisir des armes, et autres matériels. Mais selon un habitant, ce mode opératoire a montré ses limites. « Mais si l’armée chasse les terroristes, les laisse partir, et ensuite elle néglige la zone là, nous sommes inquiets dans ce village, on ne peut pas dormir et se réveiller comme on veut », soupire un autre habitant.
C’est donc la peur au ventre que les habitants de Tougan vivent. « Ici à Tougan, personne n’a la quiétude », résume un jardinier. Ses planches sont à Badara, dans un village, mais il a dû abandonner ses activités à cause de l’insécurité, mais aussi de la morosité du marché. « Les gens ont peur de venir acheter des condiments. Ils sont inquiets et ils se demandent s’ils pourront repartir. On souffre et on est fatigués. Tout le monde est inquiété », ajoute-t-il.
Un souhait en chœur
De l’avis de certains habitants de Tougan, le gouvernement devrait redoubler ses efforts, au regard de la dégradation continue de la situation sécuritaire. Certains proposent que les Volontaires pour la défense de la patrie(VDP) soient mieux équipés.
« C’est une affaire d’armes. Ils (Ndlr. Les terroristes) viennent nous menacer avec les armes. Dans les zones récupérées, le gouvernement devrait donner des armes aux VDP afin qu’ils sécurisent les villages. C’est seulement comme ça que les terroristes-là ne vont pas revenir », préconise un jeune de Tougan.
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Sa solution est approuvée par un autre, plus vieux. Pour lui également, la fuite et la peur ne sont pas la solution et il faudra faire face à son ennemi. Mais pour cela, il faut être équipé. « Si on nous donne des armes, au nom de Dieu on va prendre et rentrer en brousse pour défendre le pays. La situation actuelle est due au fait qu’on n’est pas nombreux. Si on était nombreux on allait les repousser jusqu’à les mettre hors du pays », promet-il.
En pleurs, une dame confie ne plus avoir les nouvelles de ses frères. Son inquiétude, c’est que 5 personnes ont été tuées dans un village où ses frères se sont rendus.
Seydou Simboro
Collaborateur