Courir. Courir. Et courir encore. C’est la passion de Inoussa Simporé, jeune athlète burkinabè spécialiste des épreuves de fond. Après avoir échoué dans les compétitions de courtes distances, le jeune étudiant en droit s’est lancé dans les épreuves de fond. Il semble y avoir trouvé sa voie puisqu’il domine les compétitions de marathon au Burkina Faso. Portrait.
Depuis tout petit, Inoussa Simporé, 30 ans avait un seul rêve. Devenir champion d’athlétisme. Ses performances aux épreuves d’éducation physique et sportives le convainquent de se lancer. Lors des compétitions de l’Union des sports scolaires et universitaires du Burkina Faso (USSU-BF), des compétitions réservées aux élèves et étudiants, Inoussa Simporé est inscrit.
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Entre 2012 et 2014, les résultats sont décevants pour cet élève du Lycée département de Doulougou dans la région du Centre Sud. La volonté, les entraînements acharnés, ne suffissent pas. «J’étais toujours éliminé dans les compétitions 1500m et 400m», concède, le jeune homme au teint noir, le sourire permanent. L’écart avec les meilleurs sont trop grands. Le rêve de devenir champion semble s’évanouir. Sa meilleure performance jusque-là, une troisième place obtenue en 2015 sur 400 mètres.
Puis vint le marathon…
Mais là où certains auraient abandonné, Inoussa Simporé retrouve de la force. De la force pour se relancer. Avec son physique élancé, ses mollets de coqs, il s’inscrit dans les compétitions de longues distances. Le semi-marathon et le marathon. « Je me suis dit que je pouvais m’en sortir. Je me suis lancé en 2014 », se rappelle Inoussa Simporé.
Le marathon est une course à pied de de 42,195km. Pour réaliser de bons résultats, il faut du mental et de l’endurance. Il développe sa force mentale à travers des courses quotidiennes.
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L’année 2014 est un tournant décisif dans sa carrière. Il participe au Marathon Ouaga-Laye organisé par le journal L’Observateur Paalga. Alors élève en classe de terminale à Kombissiri (49 km), Inousa Simporé arrive à vélo pour prendre part à la compétition dans la fraîcheur du mois de décembre.
Le jeune athlète se classe deuxième en 3h00’’47 devant des habitués. Il reçoit une moto comme récompense. C’est décidé. Il veut désormais se consacrer aux courses de fond et de demi-fond.
S’entraîner chaque jour
L’année suivante, il s’inscrit au semi-marathon Altitude Nahouri, une autre compétition de longues distances. Il est seulement 15e pour une nouvelle expérience, les performances sont encourageantes. Sur cette même compétition, il est classé deuxième en 2020 après avoir remporté le marathon de Banfora.
Les compétitions s’enchaînent. Après deux expériences au 10 km de Ouagadougou, il finit par remporter la première place et le record de la compétition avec les 10 km parcourus en 31,20s en 2020.
Au marathon des échangeurs, Inoussa Simporé est deuxième en 2018, s’impose au 10 km de Dédougou en 2020 et en 2021 après avoir également remporté le semi-marathon de Sya 2019 et le marathon de Sya l’année suivante.
Pour en arriver là, Inoussa Simporé a dû faire beaucoup de sacrifices. «Dans la préparation, du marathon, il faut s’entraîner de façon pérenne. Cela veut dire qu’il faut avoir un long temps de préparation. On ne peut faire du marathon du jour au lendemain. Il faut au minimum cinq ou six mois de préparation intense pour s’en sortir », révèle le jeune homme. Il s’entraîne chaque soir aux alentours du quartier Ouaga 2000.
Participer aux compétitions internationales
Pour progresser, il s’attache les services de Bassédjona Gnanou, par ailleurs secrétaire général de la fédération burkinabè d’athlétisme. Un programme d’entraînement est mis en place. Les entraînements sont effectués chaque soir. « Je m’entraîne en fonction des compétitions et des distances. Les entraînements pour les 10 km sont différents des 21 km ou du 42 km », précise-t-il.
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En une demi-dizaine d’années, Inoussa Simporé a remporté près de dix premières places au marathon et au semi-marathon combinés. Etudiant en droit à l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, le jeune athlète rêve de disputer des compétitions internationales et rivaliser avec des coureurs renommés Kenyans comme Eliud Kipchoge, recordman du marathon (2h1min, 9s), Ethiopiens à l’image de Tamirat Tola, champion du monde à Eugene (Oregon) en (2h5min 37s) ou encore l’anglais Mohamed « mo » Farah également détenteur de plusieurs records dans les courses de demi-fond.
Mais voilà. Les moyens manquent. « On n’a même pas une structure qui s’occupe de nous les marathoniens au Burkina Faso. Ce qui explique qu’on n’arrive pas à s’en sortir. Pourtant on a beaucoup de compétitions de marathons au Burkina Faso mais nous avons du mal à exceller au plan international et même sous régional», regrette-t-il. Malgré tout, pas question pour lui de baisser les bras. Pour cela, Inoussa Simporé s’est remis aux entraînements en attendant des jours plus heureux.
Boukari OUEDRAOGO