Depuis plus de deux semaines, la pénurie de carburant secoue la région de l’Est. Plusieurs stations sont vides d’essence. D’autres n’arrivent pas à tenir 24h en raison du monde. Conséquences, plusieurs activités sont au ralenti et d’autres mêmes ont même cessé tout fonctionnement.
Environ 2 kilomètres de file d’attente. Passage obligatoire ce mercredi matin pour tous ceux qui veulent du carburant. Les moto à droite, les tricycles et les véhicules à gauche. Chacun passe à son tour sous le regard attentif des policiers qui tentent de mettre de l’ordre dans les rangs. Dans cette partie de la ville de Fada N’Gourma, il faut veiller pour avoir du carburant.
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Une dame, dans son service raconte que ses enfants ont veillé toute la nuit dans les rangs pour avoir du carburant. « Mes enfants sont allés prendre le rang la dernière fois autour de 2h du matin et c’est à 08h qu’ils ont pu avoir du carburant ». Jean Noël, lui, a décidé de marcher désormais pour aller à son service. Le réservoir de sa moto est sec depuis le lendemain du nouvel an.
« Avant Noël que j’ai pris le rang où j’ai passé 4h à attendre pour avoir le carburant. Depuis que c’est fini, j’ai préféré marcher » a-t-il soutenu. Plus tard à 14h dans la soirée, la station a arrêté de servir. Le reste du carburant est réservé à un convoi pour ravitailler le village de situé à proximité de Pama. Malgré cet arrêt, les populations maintiennent toujours le rang et gardent espoir d’un éventuel ravitaillement.
Des activités au ralenti
La pénurie de carburant affecte le quotidien de plusieurs personnes dans la région de l’Est. Certains même ont dû arrêter de travailler, faute de carburant. Razak est conducteur de tricycle. Il n’a plus travaillé depuis trois jours. « Cela fait trois jours que je ne travaille pas. J’ai des commandes pour livrer du sable et du gravier avec mon tricycle, mais il n’y a pas de carburant. On est tout le temps en quête de carburant parce que moi je fais de longues distances » lache-t-il.
Ella Thiombiano se déplace à pieds pour aller au travail. Sur ses tallons noirs couverts de poussière, elle est en route pour sa maison. Dans sa cour dit-elle, « aucun engin ne dispose encore de carburant ». Tout est fini. Par moment transportée jusqu’à son service par les passants, aujourd’hui elle dit avoir marché et n’a pas été assez productive au travail.
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« Des fois, en 20 minutes je suis au bureau. Mais comme ça, je me lève très tôt à 06h je commence à marcher. Il y a de gens qui me descendent par moment, mais malgré cela y a trop de fatigue si tu arrives au bureau. Aujourd’hui je n’ai pas pu évacuer tous mes dossiers du jour » ajoute-t-elle. Dans une autre petite station située à proximité de l’auberge du 11 décembre, le rang est aussi long.
Djibril Ouoba est à la queue dans le rang des véhicules. Ayant eu vent de la disponibilité du carburant dans cette station, il a dû quitter son service pour venir en prendre. « J’avais mis pour 20 mille il y a de cela une semaine, mais c’est presque fini. Si je n’ai pas eu de carburant, ce n’est pas sûr que je sorte demain. Vous voyez que là même, j’ai abandonné mon travail pour venir ici, ça va nous mettre en retard mais ça se comprend aussi » s’est-il justifié.
Jusqu’à ce jour, le carburant n’arrive pas à satisfaire la demande. Toutefois, les pompistes rassurent que le carburant sera à nouveau disponible à partir du 15 janvier.
Fayshal Ouédraogo
Collaborateur