Se laver les mains plusieurs fois par jour, ne pas serrer la main, éviter les regroupements et les fêtes, ou encore maintenir une distance d’au moins un mètre… Ces mesures sont de moins en moins mises en oeuvre au Burkina Faso. Le déni de la maladie à coronavirus, l’indifférence et la réduction du nombre de cas expliquent, entre autres, ce relâchement dans les comportements limitant la propagation de la pandémie.
La psychose liée à l’apparition de la Covid-19 a cédé la place à l’indifférence. Dans les rues de Ouagadougou, le constat saute à l’œil. Les usagers qui portent des masques de protection se comptent sur les doigts d’une main. Dans certains espaces publics, les mesures de distanciation physique ne sont plus respectées. Constat au marché Oscar Yaar et au grand marché Rood Woko à Ouagadougou: les dispositifs de lave-mains sont inexistants ou abîmés.
Au siège des compagnies de téléphonies mobiles au centre-ville de Ouagadougou, les frottements entre usagers et les salutations sont fréquents.
Un groupe de jeunes assis en face du marché Oscar Yaar discutent sans se soucier des mesures barrières. Interrogés sur ce relâchement, les réponses sont variées. « Je pense que la maladie est finie parce que les étrangers (ndlr experts médicaux chinois) qui sont venus nous aidés pour combattre la maladie sont repartis. Cela veut dire qu’on a plus de raison de craindre la maladie », soutient Issouf Kabré. Il justifie ainsi son attitude et celle de ses amis.
Pour Inoussa Guélbéogo la levée de certaines mesures restrictives comme la mise en quarantaine de certaines villes, la fermeture des marchés, le couvre-feu est la preuve que la maladie a disparu. « On avait dit qu’on allait contrôler ceux qui ne portent pas le masque. Mais depuis qu’ils ont dit ça, ils n’ont pas encore attrapé quelqu’un. C’est vrai qu’on doit se méfier mais je pense que l’épidémie est maitrîsée », affirme Guélbéogo.
Déni de la maladie
Le déni de la maladie persiste chez certains Ouagalais qui s’abstiennent de porter le masque malgré la sensibilisation. « Je n’ai jamais cru que cette maladie existait au Burkina Faso. Je sais qu’elle a fait des victimes à l’extérieur mais pas chez nous ici », lance dubitatif Idrissa Nikièma.
« Moi je connais une centaine de personnes que mes amis ne connaissent pas. En aucun moment je n’ai entendu que quelqu’un a eu la maladie. Aucun de mes amis aussi ne m’a dit qu’il connaît quelqu’un qui a la maladie », soutient Alassane Kaboré sur un ton provocateur.
Depuis le début de l’épidémie au Burkina Faso le 9 mars 2020, le pays a enregistré 894 cas, 53 décès, 803 guérisons. 37 cas restent actifs à la date du 14 juin 2020 selon le service d’information du gouvernement.