La province du Ganzourgou, région du Plateau central, est renommée pour sa troupe de warba, danse traditionnelle du Burkina Faso. Des fils de la localité ont mis en place un musée dit du warba pour conserver des archives de ce patrimoine local et celles du festival du warba, organisé tous les deux ans.
Sur une place du village de Zorgho, un batteur, habillé en tenue traditionnelle faso danfani, un tissu fait de cotonnade, fait résonner son lunga, tam-tam traditionnel du pays mossi. Le tambour résonne en synchronisation du chocs mélodieux des castagnettes. Le batteur suit de près un homme robuste mais agile, vêtu d’un maillot bleu indigo aux larges mailles. L’homme, un collier de cauris au cou, se trémousse en harmonie avec le rythme.
Autour de sa taille, un anneau de bourrelle, des grelots au niveau des chevilles dont les chocs provoquent une musique métallique. Ils font rouler leurs reins à gauche, à droite tout en gardant le buste droit. Sur la même place du village, deux femmes torses nues sont en scène. Elles dansent au même rythme avec plus de souplesse.
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Tout cela n’est qu’une mise en scène récrée au musée du warba du Ganzourgou à Zorgho, située à environ 110 km environ de Ouagadougou. La province du Ganzourgou est très célèbre pour ses danseurs de warba, cette danse traditionnelle du peuple mossi. Pour entretenir cette célébrité et constituer une mémoire de cette danse, des ressortissants de la province organisent chaque année, le festival warba du Ganzourgou.
La troupe de danse locale a raflé plusieurs prix lors de concours au niveau national et même hors du pays. Et, pour garder la mémoire de ce patrimoine, l’association de jeunesse montante pour le développement du Ganzourgou a créé en 2008 le musée. Plusieurs objets liés à cette danse y sont exposés.
Une danse mystique
Emile Kaboré, la cinquantaine a dirigé plusieurs visites guidées. C’est souvent lui qui sert de guide. D’une voix posée et d’un pas lent, il présente les différents objets exposés dans le musée. Il commence par présenter les principaux instruments de base pour jouer de la musique warba, dont le tambour. « Il y a deux sortes de tambours, un grand tambour, en mooré le gangaogo, et un petit tambour. Le petit tambour accompagne le grand et cela donne une bonne sonorité », inique Emile Kaboré.
En plus du tambour, le visiteur peut découvrir aussi le bendré, un instrument fait à partir d’une calebasse découpée au quart dans sa partie supérieure recouverte d’une peau de chèvre, le cor (bargo, en mooré), des castagnettes, des grelots, des parures d’accoutrements sont exposés dans des vitres, des colliers et des ceintures mystiques.
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Car plus qu’une simple danse, le warba est aussi une danse mystique selon Emile Kaboré. « Le collier est un gris-gris permettant au porteur de se prémunir en empêchant le poison d’entrer dans son corps », avertit Emile Kaboré, le gestionnaire du musée. Dans le temps, des danseurs s’affrontaient à travers des démonstrations mystiques. Chaque occasion de danser le warba apparaît comme une sorte de se lancer des forces occultes.
Considéré comme une danse funéraire, le warba se danse également lors des moments de réjouissances. « Il n’y a pas une grande cérémonie sans qu’on danse le warba. Quelles que ce soient les cérémonies, funéraires ou de joies, les pas du warba peuvent être exécutés par les enfants et les grandes personnes », poursuit Kaboré. Le mur du musée est orné de clichés de scènes de danse prises principalement lors festival warba du Ganzourgou.
Les visites au musée se font du lundi au vendredi avec un prix d’entrée de 300 francs CFA les enfants et 500 francs CFA pour les adultes. « Le problème que nous avons, c’est que nous n’avons pas de guide attitré. Mais pour pallier cela, nous avons une bande sonore qui retrace toute l’exposition », fait savoir le guide du jour. Pour assurer une transmission de ce patrimoine et cette valeur culturelle aux jeunes, des séances de sensibilisation et d’apprentissage sont menées pour préparer la transmission de savoir-faire.
Boukari OUEDRAOGO