Alors qu’elles ont tout laissé derrière elles, des femmes déplacées s’investissement dans la culture de contre-saison pour subvenir à leurs besoins. Pour certaines d’entre elles, c’est une question de survie, ayant laissé tous les vivres dans la fuite.
Dans un champ au secteur n°1 de Ouahigouya, l’ambiance est conviviale entre femmes. Elles ont en commun le fait d’avoir fui leurs villages pour échapper aux groupes armés. Daba sur l’épaule ou encore entre les mains, rires aux éclats, ces femmes déplacées s’activent à rendre un champ exploitable. La moisson fut bonne en saison pluvieuse et l’idée de poursuivre avec la culture contre-saison s’est germée.
Kadidiatou Nacanabo, 23 ans, mère de deux enfants a été accueillie sur le site de déplacés de Youba à une quinzaine de kilomètres de la ville de Ouahigouya. « Nous sommes arrivées en mars 2022 », se rappelle-t-elle. Elle a en charge ses deux enfants et sa belle-mère. Son époux, lui est décédé dans une attaque armée dans le village de Bahn. Si Kadidiatou Nacanabo bénéficie de aides des Organisations non gouvernementales, comme l’ensemble des déplacés internes, la jeune dame ne reste tout de même pas les bras croisés. Avec d’autres femmes, elles sillonnent les quartiers périphériques de Ouahigouya à la recherche de champ cultivable.
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En août 2022, elle et une dizaine de femmes ont monnayé leur savoir-faire dans le débroussaillement et le laboure des champs. « Par jour, pendant la période des pluies, nous pouvons cultiver 3, voir 4 champs », témoigne Bibata Sawadogo, déplacée venue de Thiou. « Nous nous réveillons très tôt et nous faisons le chemin du camp de Youba à la ville de Ouahigouya à pied. Nous tapons à des portes pour savoir si les gens n’ont pas de demandes en la matière », raconte la jeune dame.
Par jour, poursuit-elle : « nous pouvons cultiver dans trois à quatre champs pour une recette de 10 000F FCA ». Cette somme est partagée entre elles à raison de 1500F ou 2000F par personne. Une somme modique soit-elle, mais d’une grande valeur selon Bibata. « Avec cette somme, j’arrive à subvenir à mes besoins », témoigne-t-elle.
La culture de contre saison, une niche pour des déplacées internes
Les prestations dans des champs de culture ont été bénéfiques pour des femmes déplacées internes. « Après la saison pluvieuse, Kadidatou s’inquiétait qu’on se retrouve à ne rien faire. Elle a donc proposé qu’on continue à travailler dans les cultures de contre-saison », témoigne Bibata. Le groupe a validé la proposition et depuis novembre 2022, elles sillonnent la ville de Ouahigouya à la recherche d’opportunité de travail dans les jardins ou autres espaces où sont pratiquées les cultures de contre-saison.
« La culture de contre saison ne marche pas bien. Ce n’est pas comme pendant la saison pluvieuse.», regrette Bibata, la mine grise. Contrairement à la saison pluvieuse quand le groupe encaissait 10 000F par jour pour quatre champs cultivés, les prestations dans les jardins sont payées à 3000F par semaine pour 3 jours de travaux. « C’est un montant assez dérisoire, mais ça vaut mieux que rien », se contente Bibata.
A la date du 22 décembre 2022, le Burkina enregistrait 1 810 105 personnes déplacées internes. Les hommes représentent 16,73% des personnes déplacées internes contre 22,90% pour les femmes.
StudioYafa / MoussoNews