Ils sont désormais incontournables dans la société burkinabè mais pas véritablement reconnus. Eux, ce sont les réparateurs de téléphones portables. Pourtant ce métier constitue pour eux une source de revenus.
Marché de Zabr-Daaga, en plein centre-ville de Ouagadougou. 10h30. Le front ruisselant de sueur, Oumar Sana, un tournevis en main, démonte un smartphone. Sur sa table, des carcasses de téléphones portables posées pèles mêles. Dans ce désordre, il sait se retrouver. En ce moment précis, le jeune homme s’attèle à guérir un téléphone malade. « C’est la couverture de derrière-là qui est gâté », explique Oumar Sana, l’air un tout peu gêné par notre présence.
Déscolarisés très tôt ou n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école, Oumar Sana s’est passionné pour la réparation du téléphone. Ce métier, il l’apprit par lui-même. Aucun passage dans une école de formation.
Des autodidactes
Salif Simporé, un autre chirurgien du téléphone est tout aussi autodidacte. « Comme j’ai vu que coté école ça ne réussissais pas comme je voulais, et que je n’avais pas tellement de soutien à l’époque, je me suis lancé dans la technologie, j’ai vu que je pouvais m’en sortir dedans, j’ai commencé petit à petit, au fur et à mesure j’arrive à résoudre certaines énigmes du téléphone. Je ne peux pas dire que je suis fort dedans mais je me débrouille », explique le jeune homme.
Aujourd’hui, ses aptitudes avancées en bricolage lui offrent une vie épanouie : « J’ai pu résoudre beaucoup de choses coté familial, personnel, amical, même matériel, si je n’étais pas dans ce boulot il y’a des choses que je n’allais pas pouvoir faire et je suis à mon troisième véhicule comme ça ».
Des problèmes
Pour certaines marques de téléphones portables, seules la maison de production est habilité à le décapoter. Une règle que ces réparateurs préfèrent ignorer.« Si par exemple un client paie un téléphone, il vient en Afrique, son séjour est fini en Europe, le téléphone est gâté il n’a pas un autre pour utiliser, vous voulez la permission de la maison pour pouvoir ouvrir le téléphone et réparer, donc vous allez priver le propriétaire de son téléphone. Je ne pense pas que cette autorisation soit utile. Ça veut dire qu’il y’a eu défaillance du téléphone, au contraire la maison de fabrique devrait nous récompenser pour avoir réparé ce téléphone », rétorque Simporé.
Certains ont payé cher pour cette ignorance. « Notre collègue a eu des difficultés en voulant flasher un téléphone à la main et quand il l’a fait, le téléphone est venu à zéro mémoire, c’est-à-dire qu’il ne peut plus stocker quelque chose. Donc le gars dit que ce n’est pas sa plaquette. En fin de compte, ça a été des histoires de MACO…Il a une famille à nourrir, quand il était à la MACO, qu’est-ce que sa famille allait devenir ? », témoigne Ouédraogo.
Toutefois, pour les clients, ces jeunes qui ont la prouesse de réparer ces téléphones en panne sont de véritables génies. Ce métier les met à l’abri du besoin. Tous souhaitent une reconnaissance et une formation professionnelle.