Soulgo, village situé à 5 kilomètres de Ziniaré dans l’Oubritenga, est réputé pour le tissage de pagnes traditionnels. Ce sont les tisserands de ce village aussi appelé « Soulgo du Moog-Naaba » qui ont le privilège de confectionner les vêtements du Moogho Naaba. Un rituel qui date de l’époque de Naaba Oubri et qui se poursuit encore aujourd’hui.
Comme l’araignée qui tisse sa toile, les tisserands de Soulgo tissent les pagnes traditionnels. Dans ce village, le tissage est un savoir-faire ancestral qui se transmet de générations en générations. C’est dans ce temple du tissage que sont tissés les vêtements du Mogho Naaba, un des grands chefs mossé.
« L’appellation « Soulgo du Moog-Naaba » n’est pas anodine. Ici, c’est chez ses grands-parents. C’est nous qui tissons les habits pour habiller le Moogho Naaba. Nous tissons des habits et rien d’autre », raconte Albert Nana, l’un des détenteurs de savoir-faire artisanal.
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À l’intronisation d’un nouveau Môoro Naaba, les tisserands de ce village tissent ses vêtements. Ils les envoient ensuite à Ouagadougou. Ces vêtements confèrent au nouvel élu sa légitimité et à la mort du Môoro Naaba, il est revêtu par ces mêmes vêtements, raconte l’anthropologue et Maître de recherche, Dr Jocelyne Vokouma dont le mémoire de maîtrise a porté sur le tissage ancien en pays Moaga, l’exemple de Soulgo.
Ce rituel date de l’époque de Oubri et se poursuit encore de nos jours. Mais il est entouré par un mystère tout comme l’origine de Soulgo. Un mystère que veulent préserver les plus anciens du village à l’image d’Albert Nana : « Vous ne pouvez pas tout savoir. Savoir que le village de Soulgo est celui des grands parents du Moogho Naaba est déjà suffisant. Comment le rituel se fait là vous ne pouvez pas le savoir ». Mais, il lâche quand même une bribe d’informations: « Nous avons une origine céleste liée au tissage ».
En attendant de percer le mystère sur Soulgo, un musée y sauvegarde les vestiges du métier de tisserand traditionnel. Du coton au produit fini. « Ce sont les femmes qui filent le coton. Vous ne voyez pas la quenouille, c’est avec ça les femmes filent le coton pour que nous tissons les pagnes. Elles égrènent le coton et le filent. Ensuite le reste de la tache nous revient », relate toujours Nana.
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Dans ce village, hormis, l’égrenage et le filage du coton, les femmes de Soulgo pratiquent aussi le tissage. A la différence des hommes qui utilisent des métiers à tisser artisanaux, elles utilisent du matériel moderne pour le tissage des pagnes qu’elles commercialisent.
Avant de se marier à un ressortissant du village, Judith Zongo savait déjà tisser. Aujourd’hui, c’est sa principale activité : « J’ai appris à tisser quand j’étais jeune fille et quand je suis arrivée ici j’en ai fait mon métier. Des gens d’ici comme d’ailleurs payent nos pagnes. On vendait un pagne et demi à 10 milles francs mais on est en train de revoir les prix parce que le fil manque et coûte cher ».
Jusque-là les générations qui se sont succédées ont réussi à perpétrer la tradition à Soulgo. Les détenteurs actuels du savoir-faire affirment qu’il y aura toujours quelqu’un pour tisser les vêtements du Mogho Naaba. Mais ils ont toutefois quelques craintes pour l’avenir, notamment le manque d’intérêt des jeunes du village pour le tissage. Certains d’entre eux ont rejoint la ville et ceux qui y vivent toujours sont occupés par d’autres activités comme la maraicher culture et le commerce.
Micheline GUIGMA