Les services publics de la capitale sont perturbés au deuxième et dernier jour de la grève décrétée par une coalition de syndicats. Au plus grand hôpital du pays, quelques agents assurent le service minimum. Parmi eux des jeunes visiblement débordés.
Urgences traumatologiques du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, le plus grand hôpital du Burkina. Dans les couloirs, les patients sont couchés sur des nattes, des poches de perfusion accrochées à des petites barres de fer. Aux odeurs de médicaments s’entremêlent celles du sang. C’est dans ces couloirs exigus qui servent de ‘’chambres’’ d’hospitalisation que le jeune médecin Harouna Congo et ses camarades se faufilent pour donner des soins aux patients.
Aujourd’hui, deuxième jour de la grève des syndicats, le médecin en spécialisation est presque le chef des lieux. Avec lui, des internes, ces étudiants en immersion. C’est en pleine interprétation des résultats d’une radiographie que Harouna Congo lâche quelques mots, visiblement débordé. « Actuellement nous sommes à 60% de nos capacités. Nous continuons de nous occuper des urgences, mais il y a des patients qui devraient être opérés, mais les rendez-vous ont été reportés parce que ceux qui doivent s’en occuper ne sont pas là », explique le médecin en spécialisation. Il ajoute qu’il n’a pas droit à la grève. Selon lui, la grogne sociale perturbe le service. « Il y a des attachés qui ne sont pas là, du coup cela se répercute sur l’ensemble de la chaine ».
Gouvernement et syndicats, le dialogue de sourds
A la bourse du travail qui fait office de quartier général des syndicats, la mobilisation est celle des grands jours. En ce dernier jour de grève, la coalition de plus de 50 syndicats fait le point de ce énième débrayage. « Le bilan est très satisfaisant. A Ouaga, Bobo Dioulasso et dans les autres localités, la grève est bien suivie. Même dans le privé, beaucoup de travailleurs ont suivi le mot d’ordre de grève », affirme Zakaria Bayiré, secrétaire général adjoint du syndicat des agents des impôts et des domaines.
Mais, il n’y a toujours pas de discussions engagées avec le gouvernement. La suppression de l’impôt sur les primes et indemnités des travailleurs du public, la revalorisation du pouvoir d’achat des travailleurs, principales revendications des syndicats sont toujours d’actualité selon les frondeurs. « Il n’y a aucune correspondance officielle pour inviter la coalition syndicale à discuter sur les points de revendications qui font l’objet de la lutte en cours. La balle est dans le camp du gouvernement qui doit créer les conditions pour qu’il y ait discussion », regrette Zakaria Bayiré qui rappelle que la grève du 16 au 20 mars 2020 n’avait également pas connue de suite.
Pourtant, à l’issue du conseil des ministres tenu le 8 juillet 2020, le ministre de la communication Rémis Fulgance Dandjinou réagissant à la fronde sociale, a déclaré que « le gouvernement est ouvert au dialogue ».