L’organisation Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) est une occasion pour certaines restauratrices, vendeurs de grillades et fritures de réaliser un bon chiffre d’affaires. Mais, cela ne se passe pas toujours comme espérer par certains. Cette année, les vendeurs se plaignent de l’heure de fermeture du site ramenée à 22 heures au lieu de minuit.
Depuis les stands en face du pavillon du soleil levant, situé à l’Est du SIAO, de la musique distillée par de grands baffles acoustiques noient parfois les causeries entre clients, et des vendeuses chez Hélène Tiemtoré. Sur un grand fourneau, rempli de braises, rôtissent des poulets et des brochettes placés sur une grille.
« Ya bon poulet. Y a bon frites », lance la gérante Hélène Tiemtoré, installée sur un haut tabouret lorsque nous nous approchons de son stand. Elle semble insouciante face à la fumée qui pique les yeux. Par contre, le doux fumet d’épices qui se dégage titille les narines faisant presque saliver.
« Ce n’est pas comme avant»
Comme tous les autres, Hélène Tiemtoré veut profiter du SIAO pour améliorer ses affaires en profitant de l’affluence de la clientèle. Dans son comptoir, elle propose des merguez, des brochettes. Elle n’a pas manqué les quatre dernières éditions du SIAO. Elle a donc l’expérience désormais. Mais cette année est différente des autres selon elle. « Mais cette année, ce n’est pas comme avant », affirme-t-elle-même si ce langage propre aux commerçants est bien connu de tous. Quand on lui fait la remarque, Hélène Tiemtoré se justifie : « Regardez vous-mêmes, il n’y a pas de clients. Alors qu’avant à cette heure-là, les clients se pressent pour venir manger », explique-t-elle.
Ce manque d’affluence, elle s’y attendait plus ou moins du fait du report. Ce qu’elle n’a pas imaginé, c’est que le salon ferme à 22 heures. « Chaque SIAO, on est là. C’est à minuit qu’on ferme d’habitude. Cette année, c’est différent. Nous sommes obligés de fermer à 22 heures. Hier nuit, ils ont chassé nos clients alors qu’ils s’apprêtaient à s’installer. C’est la première fois que je vis ça au SIAO », affirme-t-elle la mine grise.
Pourtant, 22 heures est un moment propice pour faire de bonnes affaires selon Faouzia Sawadogo, voisine de dame Tiemtoré. « C’est à partir de 22 heures que les clients commencent à venir ici. Et c’est à ce moment qu’on peut faire des bénéfices », assure-t-elle, visiblement dépitée.
Faire des bénéfices
La location d’un stand coûte 200 mille francs CFA au lieu de 100 mille francs CFA les années antérieures. Pour cela, certains vendeurs ont dû s’organiser par équipe pour partager les stands explique Faouzia Sawadogo. « On avait dit qu’il y aurait cinq personnes autour d’un maquis. Mais nous sommes venus constater que nous tournons autour de 20 stands par maquis. Ça ne marche pas », dit-elle toujours plaintive.
Sept personnes sont employées dans ce stand. Ils sont tous payés en fin de journée. « Ils sont des contractuels. A la descente, il faut payer à chacun sept mille francs CFA. C’est sans compter avec toutes les dépenses pour faire la cuisine du jour », fait-elle remarquer.
A quelques mètres plus loin, coincé entre plusieurs fourneaux, Anselme Parkouda grille des poulets. Des femmes, à ses côtés font cuir différents fritures. Même son de cloche. « Dès 21h30, la police commence à siffler pour que nous libérons l’espace. En fin de compte, nos clients se limitent aux exposants. Le temps qu’ils finissent de visiter et venir manger quelque chose à la fermeture, nous avons libéré les lieux », regrette-t-il.
Avec une vingtaine d’employés à payer, le poulet est vendu là à quatre mille francs CFA au lieu de 3500 francs CFA habituellement. Il ne compte pas fonctionner à perte : « avec les dépenses qu’on a faites, le stand que nous avons loué à 200 mille, les employés qu’il faut payer, nous devons essayer de récupérer nos fonds ». Mais, il assure, chaque client peut avoir pour son prix.
D’autres s’en sortent pas mal
Constat différent chez Jean Paul. « Le marché est bon. Ça peut aller. Les clients viennent », admet-il sans hésiter. En effet, Jean Paul a eu la chance. Son stand est situé non loin de l’entrée principale du SIAO. A l’arrière, des visiteurs sous une grande tente, dégustent des gallinacés, des brochettes, tout cela, arrosé de bière ou de sucrerie. Jean Paul marque quelques fois une pause, enregistre une commande, revient s’occuper des poulets et enfin glisser quelques mots.
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Le SIAO, pour lui est une occasion à ne pas manquer. Il compte réaliser un bénéfice d’au moins un million. Il est tout de même conscient que tout le monde n’a pas la même chance que lui. « Le marché est ainsi. Chez certains, ça marche. Chez d’autres ce n’est pas le cas », dit-il. Mais comme les autres, il pense qu’il faut revoir l’heure de fermeture des stands.
« Mais fermer le site à 22 heures n’est pas une bonne affaire. Les gens vont travailler. Ils viennent le soir et visitent les stands d’abord. C’est après ça qu’il viennent s’assoir pour manger quelque chose », laisse-t-il entendre par expérience. Toutefois, la plupart dit comprendre cette mesure radicale, imputable à la situation sécuritaire. Malgré le découragement, il y a une once d’espoir. Ils attendent les derniers jours, un week-end pour se rattraper.